De l’opéra aux Journées de la culture, la soprano Kerry-Ann Kutz au Festival Orgue et couleurs… et des commentaires de Lakmé et de La Bohème
samedi 28 septembre 2013
28 septembre 2013
(No 2013-38)
L’art lyrique aura sa place dans le cadre des Journées de la culture 2013 qui se déroulent en cette fin de semaine sur l’ensemble du territoire québécois ! Sous le thème « Raconte-moi l’opéra : Lakmé dévoilée », l’Opéra de Montréal organise une activité où elle invite le public dans l’intimité de la vie d’une compagnie lyrique. Le directeur général Pierre Dufour, le directeur artistique, Michel Beaulac et le metteur en scène Alain Gauthier accueilleront les gens dans les décors de Lakmé. Cette activité d’une durée de 40 minutes se déroule aujourd’hui le samedi 28 septembre et cinq visites sont prévues pour 11 h 20, 12 h 20, 13 h 20, 14 h 20 et 15 h 20.
La compagnie lyrique montréalaise participe également au Marathon des arts 2013. Comme ses autres partenaires du Quartier des spectacles, elle s’installera sur la place publique (à l’angle des rues Sainte-Catherine et Saint-Urbain) pour accueillir les marathoniens et marathoniennes de la culture les 28 (de 13 h à 17 h) et 29 septembre (de 13 h à 15 h). Dans sa tente, l’Opéra de Montréal fera découvrir ce que l’on ressent à écouter un chanteur d’opéra à quelques mètres de lui…et je crois comprendre que ce chanteur sera le ténor Jean-Michel Richer.
Parmi les autres activités lyriques inscrites au programme des Journées de la culture 2013, on note une Rencontre avec une nouvelle génération de chanteurs d’opéra à l’École de musique Schulich de l’Université McGill. Cette rencontre est prévue pour le samedi 28 septembre de 19 h 30 à 22 h et aura lieu à la salle Pollack de l’Université McGill.
La soprano Kerry-Ann Kutz au Festival Orgue et couleurs
Kerry-Ann Kutz
La 34e saison de l’Opéra de Montréal s’est ouverte samedi le 21 septembre 2013 avec l’opéra Lakmé de Léo Delibes. Présentée il y a six ans dans le cadre d’une co-production avec Opera Australia, la reprise de l’opéra de Léo Delibes ne sera pas l’événement qu’aurait dû être la soirée marquant le 50e anniversaire de l’ouverture de la Place des Arts, et en particulier de la Grande Salle rebaptisée en 1965 la salle Wilfrid-Pelletier. Si l’événement a été souligné par la lecture d’un texte pour la jeune soprano Florie Valiquette, le public aurait sans doute et davantage apprécié la présentation d’un événement lyrique sortant de l’ordinaire et à la hauteur d’une commémoration de cette importance. N’aurait-il pas été possible de présenter en l’année Wagner un Tristan und Isolde pour rappeler l’oeuvre qui a marqué, à mi-parcours en mai 1975, l’histoire de la Place des Arts et de la vie lyrique montréalaise ?
En guise de rappel, on aura donc eu droit à la reprise de Lakmé. Pour que le grand succès de 2007 ait été à nouveau au rendez-vous, il aurait fallu que la distribution soit de même calibre. Tel ne fut pas le cas. L’on doit tout de même à la soprano Audrey Luna d’avoir livré une performance qui donnait à cette première soirée lyrique un certain relief. L’hyper-colorature américaine, dont on avait pu apprécier les acrobaties vocales dans The Tempest de Thomas Ades au deuxième Festival d’opéra de Québec durant l’été 2012, a démontré qu’elle était à l’aise, tant au plan vocal qu’au plan dramatique, dans un tout autre répertoire. Tout au long de la soirée, elle a séduit son auditoire et a notamment fort bien chanté, dans un français digne de mention, le célébrissime Air des clochettes. Les prestations de John Tessier et de Burak Bilgili n’auront pas été à la hauteur des attentes. Les maladresses scéniques du premier ont rendu son Gérald peu crédible et la voix lourde de la basse turque ne pouvait guère faire d’impression sur le public de la salle de Wilfrid-Pelletier. Dans le rôle de Frédéric, le baryton québécois Dominique Côté s’est illustré par son jeu scénique, mais la voix n’était pas toujours adéquatement projetée et plafonnait dans les aigus. Dans son rôle de Malilka, Emma Char s’est véritablement distinguée et s’est avérée une partenaire idéale pour Audrey Luna dans le superbe Duo des fleurs du premier acte. Comme elle l’avait démontré dans Acis et Galatée en début d’année, Florie Valiquette est une actrice de grand talent dont la voix est juste et belle. Une voix qu’il faut maintenant travailler pour que la projection et la puissance soient aussi au rendez-vous. Ces deux stagiaires de l’Atelier lyrique sont promises à un bel avenir.
Après les remarquables mises en scène de Dead Man Walking et La Vie parisienne de la dernière saison, la remise en scène d‘Alain Gauthier n’aura pas marqué cette production. Bien que les mouvements de foule aient été bien aiguillés, sa direction d’acteurs n’a guère permis la cohésion qu’on attend d’une distribution. Mais encore aurait-il fallu que la distribution compte des artistes qui ont des talents d’acteurs ! La direction musicale d’Emmanuel Plasson a donné une belle ouverture, mais il n’a pas su tirer de l’Orchestre métropolitain les couleurs impressionnistes que rendent possibles la partition de Léo Delibes.
Ce bis moins convaincant de Lakmé démarre une saison dont on espère qu’elle procurera au public de plus grands moments lyriques. Il est à espérer que le Falstaff de Giuseppe Verdi, qui verra notre contralto nationale Marie-Nicole Lemieux faire son retour à la compagnie lyrique montréalaise, offre de tels moments.
Une quatrième et dernière représentation de Lakmé est prévue en ce samedi 28 septembre 2013 à 19 h 30.
Pour d’autres commentaires sur Lakmé, je vous invite à lire la critique de Claude Gingras publiée dans La Presse dans sous le titre « Lakmé : un petit peu moins… » et celle de Christophe Huss, parue quant à elle dans Le Devoir intitulé « Lakmé sans les frissons ». Dans The Gazette, Arthur Kaptainis dit « Second time around, Lakmé’s lacking » et, sur le site de Bachtrack on peut lire sous la plume de Richard Turp et le titre « Delibes’s Lakmé opens new season at L’Opéra de Montréal ». Voir aussi le texte de Marc-Olivier Laramée publié sur le site de La Scena musicale intitulé « Lakmé- On vient à l’opéra pour entendre la soprano ».
La Bohème de Giacomo Puccini par Opéra immédiat
Pendant que j’assistais à la première de Lakmé à l’Opéra de Montréal, le co-animateur de L’opéra…le dimanche aussi ! Justin Bernard assistait le même soir à la production de La Bohème d’Opéra immédiat. Il a rédigé à ma demande le commentaire suivant de la production :
« Après Roméo et Juliette de Gounod en avril dernier, les membres d’ Opéra immédiat revenaient sur la scène du Théâtre Rialto le samedi 21 septembre 2012 dans La Bohème de Giacomo Puccini. La mise en scène était confiée à la jeune Fanny Gilbert-Collet qui signe sa première collaboration avec la compagnie lyrique.
Originalité de cette nouvelle production : l’action se déroule à Paris non pas en 1830, comme l’indique le livret, mais en 2013. Elle traduit cependant une réalité plus montréalaise que parisienne, celle des étudiants ou des artistes vivant en colocation pour pouvoir payer leur loyer (les jeunes Parisiens préfèrent encore la solitude dans une chambre de bonne de 15 m2!). Rodolfo qui verse du ketchup sur des pains-hamburger, Schaunard et Colline qui s’amusent en simulant un duel avec des sabres-laser en plastique : pas de doute, nous sommes bien en 2013. Les puristes s’en offusqueront, mais cette mise en scène n’a fait que renforcer les éléments comiques de La Bohème en les mettant au goût du jour…et certainement au goût du public. La tête de Colline affublée par ses colocataires d’une assiette en guise d’auréole, il fallait y penser.
Certains choix de la production laissent tout de même perplexes, comme celui de présenter Mimi dans ses derniers instants de vie, étendue sur une chaise longue de piscine, avec veste en cuir, jupe courte et talons hauts. Est-ce aussi un accent parisien que Benoît, le propriétaire, essayait d’imiter en racontant la suite des évènements avant chaque acte? L’idée de s’adresser au public était une trouvaille, mais cette prononciation à la française l’était beaucoup moins.
Parmi la distribution, on retrouvait Sophie de Cruz dans le rôle de Mimi. À l’aise dans l’aigu, elle manquait toutefois de présence dans le médium et dans le grave, notamment aux côtés d’Éric Thériault. Le ténor acadien est apparu en grande forme sous les traits de Rodolfo. Sa voix au timbre velouté, à la fois perçante et d’une grande justesse, a fait forte impression. Bien que les aigus lui aient été difficiles, à en juger par son accélération brutale dans le finale de Che gelida manima ou dans le duo avec Mimi O Soave fanciulla, Éric Thériault a nul doute été l’un des grands artisans du succès de cette Bohème. On ne peut pas en dire de même du chœur, trop peu présent vocalement pour se hisser au niveau des solistes. Les autres membres de la distribution ont davantage briller par leur jeu scénique, plein d’humour. Mention spéciale pour François Dubé et Julien Horbatuk dans les rôles de Colline et Schaunard ».
Des extraits de cette production devraient être diffusés ultérieurement dans le cadre de l’émission L’opéra…le dimanche aussi !
À l’émission L’opéra…. le dimanche aussi !, Justin Bernard proposera le dimanche 29 septembre de 13 h à 15 h un programme mettant en valeur deux artistes du Québec, la soprano Aline Kutan et la basse Joseph Rouleau. En guise de prologue de son récital du 6 octobre à la salle Bourgie (mais un répertoire vénétien), il fera entendre des extraits de lieder de Richard Strauss interprétés Aline Kutan et parus chez Analekta en 2006 son côté. En deuxième partie d’émission, pourront être écoutés de larges extraits de l’album-hommage à Joseph Rouleau où figurent des grands airs d’opéras russes pour basses. Dans le cadre de l’émission Les mélomanes, ma co-mélomane Alexia Jensen recevra quant à elle Isolde Lagacé et permettra notamment à la directrice de la Fondation Arte musica de présenter les concerts de la série Venise et la musique qui se dérouleront à la salle Bourgie dans le cadre de la grande exposition Splendeurs de Venise. Je vous rappelle que vous pouvez syntoniser ces deux émissions en « ondes radio » à Montréal (91,3 FM), Rimouski (104,1 FM), Sherbrooke (100,3 FM), Trois-Rivières (89,9 FM)?et Victoriaville (89,3 FM). Elles peuvent également être écoutées en direct sur le site électronique de Radio Ville-Marie à l’adresse http://www.radiovm.com.
À Place à l’opéra 2.0, l’animatrice Sylvia L’Écuyer présente aujourd’hui un programme double allemand. Sera d’abord entendu le spieloper Der Wildschütz (Le braconnier) d’Albert Lortzing avec l’Orchestre et le Choeur du Volksoper de Vienne sous la direction d’Alfred Eschwé. Pour plus d’informations sur ces deux oeuvres, vous pouvez cliquer ici. Je vous rappelle que l’émission n’est diffusée que sur l’internet (www.espace.mu) le samedi de 13 h à 17 h et qu’elle est rediffusée sur Espace musique le dimanche de 19 h à 23 h.
À son émission Saturday Afternoon at the Opera diffusée sur les « ondes radio » de CBC-Radio 2, l’animateur Ben Heppner présente aujourd’hui Idomeneo de Wolfgang Amadeus Mozart dans un enregistrement EMI d’une production du Festival d’Édimbourg. La distribution comprend Ian Bostridge, ténor (Idomeneo), Lorraine Hunt Lieberson, mezzo-soprano (Idamante), Lisa Milne, soprano (Ilia), Barbara Frittoli, soprano (Elettra) et Anthony Rolfe Johnson, ténor (Arbace). Le Dunedin Consort, l’Edinburgh Festival Chorus et le Scottish Chamber Orchestra sous la direction de Sir Charles Mackerras. L’émission est diffusée de 13 h à 17 h.
S’agissant des projections d’opéra, le Café d’art vocal présente Rinaldo de Georg Friedrich Handel dans une production du Festival de Glyndebourne de 2012. La distribution comprend Sonia Prina, Anett Fritch, Brenda Rae et Luca Pisaroni. La direction musicale est d’Ottavio Dantone et la mise en scène de Robert Carsen. Deux projections sont prévues le samedi 28 septembre 2013 à 12 h 30 et le jeudi 3 octobre 2013 à 18 h 30.
Dans le cadre de la série Opéramania, Michel Veilleux présentera Falstaff de Giuseppe Verdi dans une production de l’Opéra de Zurich de 2011. La distribution comprend Ambrogio Maestri, Barbara Frittoli, Massimo Cavaletti, Yvonne Naef et Eva Liebau. La direction musicale et de Daniele Gati et la mise en scène de Sven-Eric Bechtolf. La projection a lieu le vendredi 4 octobre 2013 à Salle Jean-Papineau-Couture (B-421) de la Faculté de musique de l’Université de Montréal à compter de 19 h 30.
Les opéraphiles auront droit à une deuxième diffusion d’opéra sur les ondes de TFO le dimanche 29 septembre (à 20 h 03!). C’est l’opéra L’étoile d’Emmanuel Chabrier qui sera présentée dans une production de l’Opéra comique de Paris de 2008. Sont de la distribution Jean-Luc Viala (Le Roi Ouf 1er), Jean-Philippe Lafont (Siroco) et Stéphanie D’Oustrac (Lazuli). L’Orchestre révolutionnaire et romantique est sous la direction de John Eliott Gardiner. La mise en scène est de Jérôme Deschamps.
Bonne semaine lyrique !