De beauté baroque et d’émerveillement lyrique à l’ouverture du Festival d’opéra de Québec de 2014
samedi 26 juillet 2014 26 juillet 2014
(No 2014-26)
La quatrième édition du Festival d’opéra de Québec a connu un excellent départ avec la présentation du concert Vivaldi et Haendel à l’opéra et de la fantaisie lyrique L’enfant et les sortilèges de Maurice Ravel.
De beauté baroque avec Brommer et Hansen
Comme cela avait été fait lors de sa deuxième édition en 2012 et avec comme invitée la soprano Karina Gauvin, la direction du Festival d’opéra de Québec avait choisi d’ouvrir le festival avec un concert d’airs d’opéra de l’époque baroque. Conçu par Bernard Labadie, le programme de ce concert a permis d’apprécier l’écriture lyrique de Georg Friedrich Haendel et Antonio Vivaldi, mais également d’Antonio Maria Bononcini. Le choix des deux solistes ne fut pas moins heureux car la soprano allemande Sophie Brommer et le contre-ténor australien David Hansen ont offert, dans leurs prestations respectives, ainsi que dans trois magnifiques duos, de moments de grande émotion et beauté. J’ai particulièrement aimé la soprano Brommer et son interprétation de l’air Siam navi all’onde algenti tiré de l’opéra L’Olimpiade d’Antonio Vivaldi. Cette prestation a révélé une interprète dont la puissance vocale s’accompagne d’une subtilité dramatique tout à fait appropriées pour le genre baroque. Parfois désinvolte, le contre-ténor australien David Hansen est un véritable acrobate vocal, comme il a su le démontrer dans l’air Dopo notte alta e funestra de l’opéra Ariodante de George Friedrich Handel. Les trois généreux rappels des solistes ont suscité l’admiration d’un public déjà conquis, mais l’un d’entre eux, le duo Pur ti miro, Pur ti godo tiré de l’opéra Le couronnement de Poppée (L’incoronazione di Poppea) de Claudio Monteverdi s’est avéré le moment de grâce de la soirée.
Le chef américain Alan Curtis a apprivoisé Les Violons du Roy de Bernard Labadie, dont l’état de santé ne lui permettait pas de diriger son ensemble dans sa superbe résidence du Palais Montcalm (dont le moral est, m’a-t-on assuré, est très bon !), et a mis en valeur un orchestre qui maîtrise de façon exceptionnelle le répertoire lyrique baroque. Les musiciens et musiciennes ont également excellé dans les ouvertures de Giulio Cesare, d »Alcina et d’Ariodante de Haendel, que dans la Sinfonia en do majeur de Vivaldi qui constituaient les parties instrumentales du programme.
Alan Curtis
Pour connaître les vues du critique musical Richard Boisvert sur ce concert, je vous invite à lire l’article publié le 24 juillet 2014 dans le journal Le Soleil sous le titre « Festival d’opéra de Québec: une invitante fête de la voix ».
D’émerveillement lyrique avec L’enfant et les sortilèges
Comme il me le confiait après la première représentation de L’enfant et les sortilèges de Maurice Ravel, le directeur général et artistique du festival Grégoire Legendre rêvait de présenter aux opéraphiles de Québec l’opéra de Maurice Ravel dans lequel il avait joué comme étudiant. Et pour cette première production maison du festival, ses attentes devaient être grandes, comme l’étaient celles des festivaliers et festivalières. Elles n’ont pas été déçues car la fantaisie lyrique mise en scène par Philippe Soldevila a véritablement ensorcellé les gens réunis pour la première le mercredi 23 juilet 2014. Les décors de Claudia Gendreau, les costumes d’Érica Schmitz et de son assistante Julie Morel, les éclairages de Serge Gingras et les chorégraphies de Geneviève Dorion-Coupal ont également envoûté le public et ont fait de ce spectacle une véritable féérie. La voix riche et la diction impeccable de la mezzo-soprano Julie Boulianne a bien servi l’enfant et son aisance sur scène l’a rendu si crédible. Marie-Ève Munger fut spectaculaire et sa superbe voix de colorature a, comme le requiert son personnage du Feu, embrasé la scène. Bien que sa voix était hésitante au départ, Pascale Beaudin a fort bien incarné le rôle de la Princesse. Les autres interprètes de la distribution, qu’il s’agisse de Marc-Antoine d’Aragon, Aaron Ferguson, Isabelle Henriquez, Alexandre Sylvestre et Rachèle Tremblay ainsi que les choristes Judith Bouchard, Patrick Brown, Kevin Geddes et Elizabeth Veilleux ont contribué à faire de ce spectacle une grande réussite, tant au plan vocal que sous l’angle dramatique. Et les acrobates Geneviève Bérubé, Frédérique Hamel, Louis-Marc Bruneau et Étienne Audet ont donné une dimension ludique supplémentaire à la production. Sous la direction de la pianiste Marie-Ève Scarfone, l’ensemble de chambre composé du flûtiste Jean-Sébastien Bernier, du violoncelliste Dominic Painchaud et du deuxième pianiste Maurice Laforest a su accompagner les solistes avec une précision remarquable.
Une deuxième représentation a eu lieu hier et cet événement est à ne pas manquer. Deux autres chances vous sont données de voir ce spectacle en ce samedi 26 et le dimanche 27 juillet 2014 à la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec à 20 h. Et il ne faut pas hésiter à amener les enfants, jeunes et moins jeunes, qui devraient vivre des moments d’émerveillement lyrique !
Le critique Richard Boisvert a également commenté cette production dans l’édition du 25 juillet 2014 du journal Le Soleil dans un article intitulé » L’enfant et les sortilèges: enchantement et folie douce ».
Et La brigade lyrique est à l’oeuvre…
Si la pluie a obligé La Brigade lyrique a annulé sa première prestation le mercredi 23 juillet 2014 sur l’heure du midi, la tournée des principaux parcs et lieux publics de la ville de Québec a pu commencer à 17 h le même jour. Ceux et celles que Christophe Rodriguez présente dans le Journal de Montréal et le Journal de Québec ce matin comme « Les troubadours de l’art lyrique » continueront à apprivoiser le public en interprétant des airs d’opéra et d’opérette selon un calendrier que vous pourrez consulter en cliquant ici. Je vous rappelle que font partie de la brigade de 2014 la soprano Judith Bouchard, la mezzo-soprano Élizabeth Veilleux, le ténor Keven Geddes et le baryton Marc-André Caron. Les pianistes Jean-François Mailloux et Claude Soucy les accompagnent. J’ai repéré un très beau vidéo de présentation de la brigade réalisé par la Fabrique culturelle et je vous invite en le visionner en cliquant ici ou sur la flèche de l’image ci-après :
Et l’Opera calle à la Place d’Youville
Je me suis par ailleurs rendu sur la Place d’Youville pour assister à l’événement L’Opera de la Calle qui a enfin pu se tenir le 24 juillet 2014 à 18 h 30 sur la Place d’Youville. Ce spectacle d’« opéra de la rue » mettait en présence une trentaine d’artistes de Cuba. Ce groupe mêle les genres et proposait un programme fort éclectique- et plutôt tapageur- qui comportait d’ailleurs quelques airs d’opéras, et en particulier La Habanera tiré de l’opéra Carmen de Georges Bizet que chantait l’une des solistes lorsque j’ai pris la photographie ci-dessous :
Opera Calle
Je serai de retour le samedi 9 août 2014 avec un autre numéro spécial du blogue lyrique pour commenter les autres événements du Festival auxquels j’entends assister d’ici la fin du festival, et notamment la Messa da Requiem de Giuseppe Verdi sur lequel reposera Le jugement dernier dont la première est prévue pour le vendredi 1er août 2014 et auquel vous pourriez vouloir assister pour savoir- qui sait- comment échapper…au jugement dernier !