Archive pour février 2013

L’Oper Leipzig fait appel à André Barbe et Renaud Doucet pour Die Feen de Richard Wagner…et l’exploit lyrique réussi du Parsifal de François Girard

samedi 16 février 2013

16 février 2013
(No 2013-07)


Die Feen de Richard Wagner
Mise en scène de Renaud Doucet
Décors et costumes d’André Barbe
Oper Leipzig, 2013

C’est au tour de l’équipe Barbe & Doucet de mettre son imagination créatrice au service de l’œuvre du Richard Wagner en l’année de commémoration du bicentenaire de la naissance du grand compositeur lyrique allemand. En ce 16 février et en un lendemain une première très réussie du Parsifal de François Girard au Metropolitan Opera de New York (voir commentaire ci-après), l’Oper Leipzig présentera Die Feen et a confié à Renaud Doucet et a invité André Barbe à confectionner costumes et décors. La production de ce premier opéra de Wagner donnera lieu à quatre autres représentations les 25 février, 7 et 20 avril ainsi que le 24 mai 2013.

Die Feen sera également présenté en version concert dans le cadre de l’événement Von Leipzig nach Bayreuth (De Leipzig à Bayreuth) à Bayreuth le 9 juillet 2013. La distribution comprend notamment Igor Durlokski (Der Feenkönig), Christian Libor (Leipzig) et Elisabet Strid (Bayreuth) (Ada) ainsi que Jennifer Porto (Drolla). Le Gewandhaus Orchestra Leipzig et Leipzig Opera Chorus seront sous la direction d’Ulf Schirmer.     Vous pourrez d’ailleurs écouter une entrevue avec le « dirigent » Schirmer sur le site de la châine classique de  grande radio bavaroise Bayerische Rundfunk (BR Klassik) en cliquant ici. Et plus encore, vous pourrez entendre la retransmission en direct de la première de l’opéra entre 19 h et 23 h à lheure de Leipzig (13 h à 17 h  à l’heure du Québec) en cliquant ici.


André Barbe
et Renaud Doucet

Le Parsifal de François Girard au Metropolitan Opera de New York : un exploit lyrique réussi

Pour celui qui a presenté l’opéra Parsifal de Richard Wagner comme une « mission » et à la lumière de la réaction de l’exigent public du Metropolitan Opera de New York lors de la première du 15 février 2013, l’on peut affirmer sans l’ombre d’un doute que la mission est aujourd’hui accomplie. François Girard a ainsi su relever le défi dramaturgique auquel est confronté tout metteur en scène qui s’engage dans l’aventure  Parsifal.

En font d’abord foi la place prééminente conférée à la dimension sacrée du dernier opéra de Richard Wagner et à laquelle concourent de multiples aspects de sa mise en scène. Par les gestes rituels savamment chorégraphiés des protoganistes du festival, les images et les effets visuels alliant la simplicité et la complexité et la présence d’un symbole fort, celui du sang, qui est la signature et donne en définitive une véritable identité à cette mise en scène, François Girard va à la rencontre de l’oeuvre et en fait le drame musical voulu par le maître de Bayreuth. À cet égard, le deuxième acte est certainement le plus réussi et offre des moments d’intenses émotions. Le tableau mettant en présence les Zaubermädchen (filles-fleurs) de Klingsor crée, au plan esthétique, une beauté picturale qui conforte et accentue le caractère sacré de l’oeuvre. La scène finale contribue aussi, par le traitement réservé par le metteur en scène à la lumière et aux prières, à faire de ce Parsifal un véritable Bühnenweihfestspie (festival sacré scénique). Si l’intensité dramatique était sans doute moins présente au premier acte et durant a première scène du troisième acte, François Girard aura réussi dans son Parsifal à traduire au plan théâtral, comme il en avait exprimé l’ambition et avec l’aide de son collaborateur et du dramaturge Serge Lamothe, les émotions portées par les leitmotivs de Wagner.


Jonas Kaufmann et les Zaubermädchen (filles-fleurs)
Parsifal de Richard Wagner, acte II
Metropolitan Opera de New York, 2013
Photographie : Ken Howard/Metropolitan Opera

Cette dernière réussite doit beaucoup aux interprètes lyriques qui forment une exceptionnelle distribution d’acteurs et d’actrices. Sur ce plan, ce Parsifal est celui de Gurnemanz. Dans son rôle du doyen des Chevaliers du Graal, la basse allemande René Pape illustre éloquemment ce qu’est la théâtralité à l’opéra. Mais, il ne sacrifie en rien la musique et sa prestation au plan vocal est remarquable, tant au premier qu’au dernier acte où Gurnemanz est omniprésent. La ligne mélodique est toujours belle et la puissance vocale est toujours au rendez-vous. Le baryton suédois Peter Mattei, qui tient le rôle de Amfortas, livre aussi une performance qui consacre celui qui a tenu le rôle de Wolfran dans une production de Tanhaüser au Teatro alla Scala de Milan comme un grand wagnérien. Il se distingue particulièrement par ces élans lyriques qui façonnent bien le personnage et le servent particulièrement bien lors de la scène finale. Dès son apparition au début du deuxième acte, le baryton-asse russe Evgeny Nittiken, qui tient le rôle de Klingsor, donne un véritable élan à la production et habite pleinement ce personnage de magicien dont le sort est réglé par Parsifal à la fin de cet acte. Dans son rôle titre et au premier acte, le ténor Jonas Kaufman semble inconfortable dans l’incarnation de « l’innocent au cœur » qu’est Parsifal. Mais il réussit à émouvoir, comme il en est capable, dès le deuxième acte et durant la scène où il résiste à la séduction de Kundry. C’est au troisième au dernier acte qu’est par ailleurs révélé le grand acteur lyrique qu’est Jonas Kaufman et dont la voix traduit, dans toutes ses nuances, du forte au piano au pianissimo, la beauté de la partition. Quant à soprano suédoise Katarina Dalayman, sa Kundry du deuxième acte réussit admirablement la synthèse du personnage complexe- cette femme de tous les dangers- conçu par Richard Wagner. La voix hors-champ du ténor féroïen Rúni Brattaberg donne l’éclat régalien recherché pour le personnage de Titurel et la voix de la mezzo-soprano Maria Zifchak sert fort bien « une voix » oraculaire. Les interprètes des rôles des chevaliers,  des écuyers et des filles-fleurs, et en particulier- dans ce dernier cas- de la membre du Lindemann Young Artist Program Lei Xu, complètent une distribution de rêve qu’a rassemblée le directeur général Peter Gelb pour l’année Wagner de la grande compagnie lyrique newyorkaise.

La direction musicale de Daniele Gatti a été accueillie avec enthousiasme par le public mélomane du MET. À son retour au pupitre au début des deuxième et troisième actes, le chef italien a eu droit à des applaudissements nourris qui tenaient lieu d’une réelle approbation du traitement qu’il a réservé avec les instrumentistes du Metropolitan Orchestra au monument musical de Richard Wagner. La lecture de Gati met de toute evidence l’accent sur la chaleur et la tendresse de la partition de Parsifal et en tire la plus belle radiance orchestrale. Cette radiance est d’ailleurs amplifiée par le choeur préparé par l’extraordinaire chorus master Donald Palumbo.  L’accueil réservé à Gati et à Palumbo après la production a fait de l’un et de l’autre les artisans de la réussite de cette nouvelle production de Parsifal.

L’oeuvre d’art totale qu’est Parsifal aura également été bien servie par la chorégraphe Carolyn Choa ainsi que par le concepteur de décors Michael Levine et celui des costumes Thibault Vancraenenbroeck. L’on retiendra tout autant, et sans doute davantage encore, le travail de l’éclairagiste David Finn et du designer vidéo Peter Flaherty dont la lumière et les images, ont créé des moment visuels mémorables, dont celui de la fin du deuxième acte où le rouge sanguin cède sa place à ces tons de noir et gris d’une beauté saisissante.

Le mérite de François Girard aura été d’avoir préservé, tout en le modernisant par l’image, la dimension sacrée de l’oeuvre et d’avoir réussi à télescoper, comme Wagner lui-même, les influences qui auront été les diverses sources d’inspiration de ce grand testament musical qu’est Parsifal. Par son habile direction d’acteurs et d’actrices, il aura également rappelé que l’opéra est, aussi et surtout et tel que le plaidait également le maître de Bayreuth, un drame musical. Son mérite aura de toute évidence été d’avoir arrimé de meme sa vision théâtrale avec la lecture musicale de Daniele Gatti. Et sans doute, a-t-il su exercer dans cette aventure Parsifal un leadership qui fait la force des grands metteurs en scène de la planète lyrique et qui place désormais François Girard parmi ceux à qui la direction des grandes maisons d’opéra voudront confier de futures productions.

Si Parsifal était un défi dramaturgique à relever, il s’avérait aussi un exploit lyrique à réussir. Et, cet exploit lyrique, François Girard l’a réussi… avec son Parsifal!

*****

Six autres représentations sont prévues de Parsifal sont prévues pour les 18, 21 et 27 février ainsi que les 2, 5 et 8 mars 2013. L’opéra sera  radiodiffusé et présenté dans le cadre de la série MET Live in HD le samedi 2 mars 2013 à compter de 12 h. L’aventure Parsifal de François Girard ne sera pas terminée pour autant puisque la que la Canadian Opera Company (COC) qui co-produit le spectacle avec l’Opéra de Lyon et le Metroplitan Opera de New York, projette, si mes informations sont bonnes, de présenter Parsifal durant sa saison 2017-2018.

Pour lune première critique de Parsifal parue depuis la première du vendredi 15 février, vous pouvez lire l’article de Marion Lignana Rosenberg intitulé « The Met unfolds a spare darkly human and deeply moving Parsifal » et affiché sur le site The Classical Review. Vous pouvez également prendre connaissance du commentaire préliminaire du critique musical Christophe Huss publié sous le titre « Parsifal au Metropolitan Opera- Le poids du chant, le choc des images » et qui sera développé, comme l’annonce le critique musical du journal Le Devoir, dans l’édition du lundi 18 février 2013.

Le Rigoletto de Giuseppe Verdi au MET Live in HD… et à Las Vegas!

Dans le cadre de la série MET Live in HD, le Metropolitan Opera de New York présente une nouvelle production de Rigoletto de Giuseppe Verdi. La distribution comprend  Željko Luici, baryton (Rigoletto), Diana Damrau, soprano (Gilda), Oksana Volkova, contralto (Maddalena), Piotr Beczala, ténor (Le Duc de Mantua), Štefan Kocá, basse (Sparafucile), Alexander Lewis, ténor (Borsa), Emalie Savoy, soprano (La Comtesse Ceprano), David Crawford, baryton-basse (Le Comte Ceprano), Robert Pomakov, basse (Monterone), Jeff Matsey, baryton (Marullo), Edyta Kulcak, mezzo-soprano (Giovanna), Catherine Choi, mezzo-soprano (un page) et Earle Patriarco, baryton (un garde). L’Orchestre et les chœurs du Metropolitan Opera sous la direction de Michele Mariotti.

Un souper-concert par l’Atelier lyrique de Chambly

Au lendemain de la St-Valentin et en un dimanche 17  février 2013 à 16 h, lAtelier lyrique de Chambly et sa directrice Christiane Fournier convient les lyricomanes à un souper-concert romantique aux Grillades du Fort à Chambly et en un lieu de ses anciennes amours où l’Atelier a donné son premier concert en juin 2008. Ce souper-concert est un incontournable pour les amoureux ainsi que pour tous ceux qui désirent se laisser séduire par une bonne table et par les plus belles chansons d’amour du répertoire lyrique.

Le Requiem allemand de Brahms par Christophe Huss à l’Amicale de la Phonothèque

À travers l’écoute d’enregistrements, Christophe Huss, le critique musical du journal Le Devoir, illustrera dans le prolongement des analyses lucides de René Leibowitz*, le dévoilement persistant du sens de cette œuvre. Cette amicale de la Phonothèque aura lieu le mardi 19 février 2013 à 18 h 30 au Café d’art vocal.

* « Je n’hésiterai pas à affirmer que de toutes les œuvres de Brahms, le Requiem allemand est certainement la plus mal comprise et la plus mal jouée. Nous nous trouvons ici en face d’un cas typique de cette attitude dévote et soi-disant respectueuse à l’égard d’un texte musical qui, parce qu’il est inspiré par les écritures saintes, subit les pires déformations et outrages à cause de la lenteur et de la monotonie insupportables de ses exécutions ». (René Leibowitz)

À L’Opéra du samedi, l’animatrice Sylvia L’Écuyer radiodiffusera la nouvelle production de Rigoletto de Giuseppe Verdi qui sera également projeté dans les cinémas de la planète lyrique dans le cadre de la série MET Live in HD (voir les informations ci-haut). Aux entractes, l’animatrice espère pouvoir s’entretenir avec la soprano Diana Damrau et poursuivra ses échanges avec le musicologue Michel Veilleux sur les voix verdiennes, et plus précisément des voix de soprano. Elle proposera également une entrevue avec François Girard au lendemain de la première de Parsifal de Richard Wagner qu’il met en scène pour le Metropolitan Opera de New York et elle s’entretiendra avec des spectateurs qui ont assisté à la première hier au MET…dont votre humble serviteur…le blogueur lyrique…qui a cherché à immortaliser l’événement par la photographie ci-après :


Daniel Turp et Sylvia L’Écuyer
Studio d’enregistrement
Metropolitan Opera de New York, 16 février 2013
Photographie :
Daniel Turp, 2013

Et après l’entrevue, j’ai aperçu des coulisses du MET le décor de la nouvelle production de Rigoletto dont je vous rapporte le cliché suivant :


Décor de Rigoletto
Metropolitan Opera de New York, 16 février 2013
Photographie : Daniel Turp, 2013

L’opéra…le dimanche aussi ! sera animé demain par mon camarade de classe Justin Bernard qui prend ma relève pendant que mon séjour à New York pour la première de Parsifal. Il a préparé un très beau programme sous le signe de l’actualité lyrique et du prochain récital de la soprano Karina Gauvin avec l’ensemble Caprice. Vous pourrez vous pourrez l’entendre sur les ondes de Radio Ville-Marie le dimanche 16 février de 13 h à 15 h. Et je vous offre une primeur en vous annonçant que je présenterai une entrevue lors de ma prochaine émission qui sera diffusée le 24 février 2013  avec la soprano québécoise Hélène Guilmette.

S’agissant des projections d’opéra, le Café d’art vocal présente le samedi 15 février 2013 à 12 h 30 Oberto de Giuseppe Verdi dans une production du Teatro Regio de Parme de 2007. Pour ce premier opéra de Verdi qui annonce le grand mélodiste, l’on a fait appel à Mariana Pentcheva, Fabio Sartori, Francesca Sassu et Giorgia Bertagni. La mise en scène est celle de Pier Luiggi Pier’alli et la direction musicale est assumée par Antonello Allemandi. Une reprise est prévue le jeudi 21 février 2013 à 18 h 30. Dans le cadre de la série Opéramania, le musicologue Michel Veilleux fera visionner les actes II et III de Parsifal de Richard Wagner dans une production de l’Opéra de Zurich de 2007. La distribution comprend entre autres Christopher Ventris, Yvonne Naef, Matti Salminen, Michael Volle et Rolf Haunstein. La direction musicale est de Bernard Haitink et la mise en scène d’Hans Hollmann. Cette projection aura lieu le vendredi 22 février à 19 h 30.

La chaîne de télévision TFO présente le dimanche 17 février 2013 à 20 h Carmen de Georges Bizet Strauss dans une production de l’Opéra national de Lyon de 2012. La distribution comprend notamment Josè Maris Lo Monaco (Carmen), Yonhoon Lee (Don José) et Elena Galitskaya (Frasquita). L’Orchestre et le Chœur de l’Opéra de Lyon sont sous la direction de Stefano Montanari et la mise en scène est d’Olivier Py. Une reprise de cette télédiffusion est prévue pour le mardi 19 février à 00 h 30. Pour entendre un extrait de cette production, vous pouvez cliquer ici.


Carmen de Georges Bizet
Opéra national de Lyon, 2012

Bonne semaine lyrique !