Le blogue lyrique de Daniel Turp

9 juin 2012
(N^o 2012-25)

John Brancy, Philippe Sly et Olga Kindler

Le baryton-basse Philippe Sly s’est non seulement mérité le premier prix de l’édition Chant du Concours musical international de Montréal 2012, il a également décroché quatre des cinq prix spéciaux attribués lors de la cérémonie de remise des prix et du Concert Gala des lauréats auxquels j’ai assisté hier soir.  Ainsi, le diplômé de l’Université McGill a obtenu le Prix Joseph-Rouleau du meilleur artiste québécois, le « Jean Chalmers Award » pour le meilleur artiste canadien, le Prix d’interprétation de l’œuvre canadienne imposée et le Prix du public de Radio-Canada. En tout en pour tout, Philippe Sly aura accumulé des prix pour une valeur de 75 000 $ !

La soprano suisse Olga Kindler a obtenu quant à elle le deuxième prix (15 000 $) et le baryton américain John Brancy le troisième prix (10 000 $). La performance du ténor biélorusse Yuri Gorodetski aura été récompensée quant à elle par le Prix spécial d’Atma classique qui lui permettra d’enregistrer un disque sur l’étiquette québécoise.

Comme les autres mélomanes qui ont suivi le festival, j’ai apprécié les prestations de Philippe Sly tout au long du concours. Si son art vocal a triomphé lors de ce festival, chacune de ses prestations s’est caractérisée par une grande musicalité. En a fait foi son interprétation lors du gala d’hier soir de l’aria Mache dich, mein Herze, rein tiré de la Passion selon Saint-Mathieu de Johann Sebastian Bach. Cet aria qu’il avait également interprété lors de l’épreuve finale du 6 juin lui aura d’ailleurs valu la victoire selon le critique musical du journal Le Devoir Christophe Huss qui avait intitulé son compte-rendu de la finale « Triompher en prenant Bach par la main ». Cette musicalité, comme l’élégance du geste et de sa présence sur scène, étaient également au rendez-vous dans l’interprétation de l’œuvre canadienne imposée Daybreak de John Estacio par laquelle débutait la deuxième partie du concert gala d’hier soir. Vous pouvez écouter les prestations de Philippe Sly sur le site d’Espace musique ainsi que celles des finalistes et demi-finalistes en cliquant ici.

Dans le cadre de son émission Le printemps des musiciens, l’animatrice Françoise Davoine reviendra sur la victoire de Philippe Sly et je compte parmi ses auditeurs le dimanche le 10 juin entre 21 h et 23 h.

La vie lyrique du grand lauréat du CMIM 2012 prendra un nouvel élan dans les prochains mois. Celui-ci participera cet au prestigieux Salzburg Festpiele (Festival de Salzbourg) et chantera le rôle de Sithos dans l’opéra Das Labyrinth oder Der Kampf mit den Elementen (Le labyrinthe, ou la lutte avec les éléments) de Peter von Winter. Après avoir été l’un des ses Merola Artists en 2011, il fera ses débuts au San Francisco Opera dans le rôle de Guglielmo dans Così fan tutte de Wolfgang Amadeus Mozart.  Celui qui sera la Révélation classique de Radio-Canada pour l’année 2012-2013 pourra par ailleurs être entendu dès le début de la prochaine saison musicale à Montréal avec une autre artistique lyrique qui a le vent dans les voiles, la soprano Hélène Guilmette. Accompagné par le claveciniste Luc Beauséjour, ce duo de rêve pourra être entendu à la salle Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal le dimanche 30 septembre 2012 dans le cadre d’une coproduction de Clavecin en concert et de la Fondation Arte Musica. Les 444 places de la salle Bourgie s’envoleront vite et je vous conseille de réserver vos billets… de suite !!!

Le baryton Jean-François Lapointe : un grand récitaliste

En offrant au public de Québec un récital de musique romantique française, le baryton Jean-François Lapointe avait décidément choisi de « choyer » son public de la capitale nationale. Après avoir brillé dans le rôle titre de l’opéra Eugène Onéguine et avoir été un Ford convaincant dans le Falstaff durant la saison 2011-2012 de l’Opéra de Québec, l’artiste lyrique québécois se présentait le samedi 2 juin 2012 sur la scène de la magnifique salle Raoul-Jobin pour interpréter des mélodies de Gabriel Fauré, Raynaldo Hahn et Henri Duparc.

Jean-François Lapointe s’est révélé un grand récitaliste et un chanteur qui affectionne de toute évidence le genre musical qu’est la mélodie. Tout au long de la soirée, l’interprète navigue avec aisance dans un répertoire de mélodie française qui offre des couleurs et contrastes qu’il souligne avec luminosité. Les plus belles pages chantées de ce récital sont assurément celles de Raynaldo Hahn avec lequel Jean-François Lapointe introduit et conclut le récital. L’heure exquise et À Chloris permettent à celui-ci de démontrer comment musique et poésie peuvent si bien se marier. Le timbre riche et velouté du baryton peut également être apprécié dans les mélodies de ses deux autres compositeurs de prédilection, Henri Duparc et Gabriel Fauré. Les Phidylé et Chanson triste de Duparc sont interprétés avec élégance et les Cinq mélodies de Venise, et en particulier C’est l’extase, mettent en relief la diction si impeccable de celui pour qui la langue française est une source de fierté et de combat. Le récital de Jean-François Lapointe s’est avéré l’occasion de constater la belle amplitude du registre vocal du baryton et notamment d’un aigu qui se libère et émeut.

Si le partenariat avec La Fondazione Palazetto Bru Zane supposait que la musique romantique française soit mise à l’honneur lors du récital, Jean-François Lapointe n’hésitera pas à offrir en rappel des mélodies québécoises. Il démontrera la richesse  de notre patrimoine mélodique en interprétant Les mots d’amour de Lionel Daunais et mettra aussi l’humour à l’honneur en interprétant- avec un brin d’autodérision- la Fantaisie dans tous les tons du même grand compositeur.

Le pianiste Maurice Laforest est plus qu’un accompagnateur pour Jean-François Lapointe. Même s’il s’agit d’une première collaboration avec Jean-François Lapointe, la complicité du pianiste avec le chanteur est naturelle et son jeu est tout en finesse et chaleur. La réussite de cette soirée est aussi la sienne et il est à espérer que l’on pourra revoir, ensemble, le pianiste et le chanteur à nouveau sur une scène d’ici (sans doute une salle plus intime devrait être choisie !)…ou d’ailleurs!

Comme me l’a confié Jean-François Lapointe, ce récital mettait un terme à une saison 2011-2012 bien remplie. Mais la saison 2012-2013 s’annonce aussi – voire davantage- occupée pour le baryton québécois puisqu’il participera à de multiples productions et s’offrira plusieurs prises de rôle. Ainsi, il incarnera Zurga dans une version concert de l’opéra Les Pêcheurs de Perles de Georges Bizet au Concertgebouw d’Amsterdam (Septembre 2012), se produira à l’Opéra de Marseille ldans le rôle d’Escamillo dans Carmen de Georges Bizet (Octobre 2012) et sera Georgio Germont dans La Traviata de Giuseppe Verdi au Frankfurt Oper (Décembre 2012-Janvier 2013). Il sera de retour à l’Opéra de Marseille pour interpréter Marc-Antoine dans l’opéra Cléopâtre de Jules Massenet (Juin 2013), jouera Duparquet dans l’opérette Ciboulette de Raynaldo Hahn à l’Opéra comique de Paris (Février 2013) et sera Le Marquis de la Force dans Le dialogue des Carmélites de Francis Poulenc au Canadian Opera Company à Toronto (Mai 2013). Nous pourrons l’entendre à nouveau dans la capitale nationale le 27 mars 2013 dans le Requiem allemand de Johannes Brahms avec l’Orchestre symphonique de Québec sous la direction de Christoph Campestrini…et aux côtés de la soprano Hélène Guilmette !

Jean-François Lapointe et Maurice Laforest
Photographie : Daniel Turp, 2012

La soprano Suzie LeBlanc chante Monteverdi avec le Studio de musique ancienne de Montréal

Suzie LeBlanc

Sur le thème « Divine Suzie et Il Divino Claudio », le Studio de musique ancienne de Montréal (SMAM) clôture sa saison 2011-2012 à l’Église Saint-Léon-de-Westmount le dimanche 10 juin 2012 à 15 h. La soprano Suzie LeBlanc a accepté l’invitation du chef et directeur artistique du SMAM, M. Christopher Jackson, d’interpréter la musique du recueil Selva morale e sprituale de Claudio Monteverdi. Des œuvres instrumentales de Salomone Rossi compléteront le programme dont vous trouverez les détails ci-après :

Salomone Rossi (1570-v.1630)
Sonata Settima sopra l’Aria d’un Balletto pour deux violons et basse continue
(Il quarto libro de varie sonate, Venise, 1622)
Claudio Monteverdi (1567-1643)
Motet Beatus Vir (I) pour 6 voix, deux violons et basse continue*
Crucifixus pour 4 voix et basse continue*
Pianto della Madonna pour soprano et basse continue*
Motet Adoramus te Christe pour 6 voix et basse continue
(Il Libro primo de motetti… di Giulio Cesare Bianchi, Venise, 1620)
Motet Laudate Dominum (III) pour 8 voix et basse continue*
Motet Dixit Dominus (I) pour 8 voix, deux violons et basse continue*
Motet Jubilet tota civitas pour soprano et basse continue*
Salomone Rossi
Sonata detta La Moderna pour deux violons et basse continue
(Il terzo libro de varie sonate, Venise, 1613)
Claudio Monteverdi
Motet Laudate pueri (I) pour 5 voix, deux violons et basse continue*
Motet Laudate Dominum in sanctis eius pour soprano et basse continue*
Gloria pour 7 voix, deux violons et basse continue*

*de Selva morale e spirituale, Venise, 1640

Attribution du Prix d’excellence de la Fédération des commissions scolaires du Québec au programme CoOpéra de l’Opéra de Montréal

Lors du Gala du Sommet sur l’éducation publique au Québec qui se tenait au Centre des congrès de Québec le 31 mai 2012, l’Opéra de Montréal a remporté le Prix d’excellence 2012 de la Fédération des commissions scolaires du Québec dans la catégorie Préscolaire et primaire pour son programme CoOpéra.

Couronné parmi plus de cent seize projets finalistes présentés dans le cadre d’un concours qui avait pour thème en 2012 La culture au cœur de l’école publique, le projet CoOpéra s’est démarqué par son caractère audacieux et unique. Il a permis à de jeunes élèves des écoles de la Commission scolaire de Montréal (Jeanne-LeBer, De la Petite-Bourgogne, St-Zotique et Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours) d’adapter à leur manière l’opéra Le Nozze di Figaro de Wolfgang Amadeus Mozart. Ont ainsi été recréés le texte, la musique, les décors, les costumes et les accessoires. Deux artistes lyriques, Maude Brunet et Pierre Rancourt, ont contribué au spectacle en y chantant chacun un air de Mozart. Les jeunes ont présenté leur œuvre à la salle Marie-Gérin-Lajoie de l’UQÀM à Montréal devant 5 500 personnes.

Coordonné aujourd’hui par Luc Thérien, le projet CoOpéra est, depuis 2004, une coopération entre l’Opéra de Montréal et quatre écoles de milieux défavorisés de Montréal. Il permet à une centaine de jeunes du primaire de créer et produire un spectacle musical inspiré d’un opéra à l’affiche à l’Opéra de Montréal. Au fil des ans, le projet s’est vu décerné plusieurs reconnaissances : le Premier prix de la Fédération des commissions scolaires du Québec pour son innovation pédagogique, le prix Paul Buissonneault, deux premiers prix nationaux pour le partenariat puis culture et éducation, deux premiers prix régionaux au concours des prix ESSOR. Pour en savoir sur le programme CoOpéra, je vous  invite à visionner le documentaire explicatif réalisé sur celui-ci en cliquant ici.

L’Amour Sorcier…le 19 septembre 2012

Les directions de l’ECM+ et d’Appassionata ont réussi un véritable tour de force en réunissant à nouveau la cinquantaine d’artistes ayant travaillé à la présentation de la fantaisie lyrique sur grand écran L’Amour Sorcier de Manuel de Falla. Il y a lieu de rappeler que l’unique représentation du 30 mai dernier avait dû être annulée en raison d’importantes inondations à la salle Pierre-Mercure. La production st maintenant officiellement reportée dans la même salle au mercredi 19 septembre 2012 à 19 h 30. Le programme de l’événement demeure inchangé. Ainsi à L’amour sorcier, s’ajouteront Nine Proverbs d’Ana Sokolovic et deux nouvelles oeuvres d’Analia Llugdar et Andrew Staniland seront interprétées par les deux orchestres jumelés dirigés tour à tour par Véronique Lacroix et Daniel Myssyk, la mezzo-soprano Julie Boulianne et le guitariste Tim Brady, le tout sur des vidéos de Foumalade projetés sur grand écran. Pour des informations supplémentaires et réserver bien à l’avance vos places, vous pouvez cliquer ici.

Marie-Ève Munger, récipiendaire du Prix Choquette-Symcox

Forte de l’appui de la basse Joseph Rouleau, la soprano Marie-Ève Munger a reçu le Prix Choquette-Symcox de la Fondation des Jeunesses musicales du Canada. Ce prix devrait lui permettre de prendre part, comme elle l’a confié à Daniel Côté du journal Le Quotidien dans un article intitulé « Un coup de pouce à Marie-Ève Munger », de prendre part à des auditions dans l’espoir de décrocher des rôles dans des productions au Canada et aux Etats-Unis d’Amérique. S’agissant de ce dernier pays et après avoir chanté dans deux opéras de Mozart, Il Sogno di Scipione (Gotham Chamber Opera de New York) et Idomeneo (Florentine Opera de Milwaukee), Marie-Ève Munger interprétera le rôle de Gilda dans une production de Rigoletto de Giuseppe Verdi d’Opera Saratoga les 6,9 13 et 15 juillet 2012.

L’Ilia de Marie-Ève Munger dans l »opéra Idomeneo
de Wolfgang Amadeus Mozart au Florentine Opera Company

À L’Opéra du samedi en ce samedi 9 juin, l’on pourra entendre Pelléas et Mélisande de Claude Debussy dans une production du Théâtre des Champs-Élysées. La distribution comprend Natalie Dessay, soprano (Mélisande), Simon Keenlyside, baryton (Pelléas), Marie-Nicole Lemieux, contralto (Geneviève), Laurent Naouri, baryton-basse (Golaud), Alain Vernhes, basse (Arkel), Khatouna Gadelia, soprano (Yniold) et Nahuel di Perro, basse (le docteur). L’Orchestre de Paris est sous la direction de Louis Langrée. Aux Actualités Musicales, l’animatrice Sylvia L’Écuyer s’entretiendra avec la soprano Frédérique Drolet qui participera à l’Académie et au Festival Opera Nuova d’Edmonton et chantera le rôle de Zerbinetta dans une production d’ Ariadne auf Naxos de Richard Strauss.

S’agissant des projections d’opéra et dans le cadre de la série Opéramania, c’est l’opéra Eugène Onéguine de Piotr Ilyich Tchaikovsky qui sera présenté dans une production du Festival de Salzbourg de 2007. Cette soirée, l’avant-dernière de la saison, aura lieu le vendredi 15 juin 2012 à la salle B-421 du Pavillon de musique de l’Université de Montréal à 19 h 30.

La chaîne TFO semble avoir mis une terme à ses diffusions lyriques dominicales puisque le théâtre se substituera à l’opéra les dimanches 17 et 24 juin. Je m’informerai auprès des autorités de la chaîne jusqu’à quel moment l’opéra sera en vacances !!!

Bonne semaine lyrique !