Archive pour octobre 2010

Julie Boulianne, Tyler Duncan et « le coeur allemand » à la Société musicale André-Turp

samedi 16 octobre 2010


Julie Boulianne

La Société musicale André-Turp (SMAT) entreprend sa nouvelle saison avec un récital ayant pour thème « Le coeur allemand » et mettant en présence la mezzo-soprano québécoise Julie Boulianne et le baryton canadien Tyler Duncan. Le Chant du voyageur et les Rückert Lieder de Gustav Mahler sont au programme de même que des pièces de Richard Strauss, et notamment des extraits de son opus 32, et des duos extraits de l’opus 28 de Johannes Brahms. La pianiste Erika Switzer accompagnera les deux interprètes. Ce récital aura lieu à la salle du Conservatoire de musique de Montréal le dimanche 17 octobre 2010 à 15 h et sera précédé, à 14 h 30, d’une présentation par le directeur artistique de la SMAT Richard Turp, mon cousin !!! Et si vous n’êtres pas en mesure d’y assister, Espace musique en fera une diffusion le mercredi 27 octobre  à 20 h dans le cadre des l’émission Soirées classiques.

Tyler Duncan

S’agissant du récital et ayant sans doute à l’esprit le rôle de Cendrillon de Jules Massenet qu’elle a interprété lors de la dernière production de la saison 2009-2010 de l’Opéra de Montréal, Julie Boulianne répondait  en ces termes à une question posée dans le cadre d’un entretien publié sur le site resmusica.com :

« RM : Rossini, Mozart, Haendel, l’opéra français…. Rien de germanique pour l’instant ?

JB : Non, pas encore, on verra plus tard… En récital je fais bien évidemment Schubert, Schumann, Wolff… Je fais du récital le plus souvent possible. Les rôles que je chante sont souvent léger, le lied et la mélodie me permettent d’aborder un répertoire plus lyrique avec une poésie souvent plus inspirante. »

La chanteuse de Dolbeau-Mistassini, qu’on a jadis présentée comme « [l]e rossignol verdunois », entreprend quant à elle une grande saison lyrique. Comme je l’ai rappelé dans le numéro du 11 septembre du blogue lyrique, elle sera la Québécoise du MET puisqu’elle fera ses débuts à la compagnie newyorkaise dans Iphigénie en Tauride de Christoph Willibald Gluck en février 2011 et dans Roméo et Juliette de Charles Gounod en mars 2011. Elle chantera aux côtés du ténor (ou est-ce le baryton ?) Placido Domingo dans le premier opéra et sera dirigé par le chef Placido Domingo dans le second ! Et dans le cadre de la série MET Live in HD et sur les écrans dans 46 pays et 1500 salles de cinéma, les lyricomanes de la planète pourront apprécier le talent de Julie Boulianne dans Iphigénie en Tauride le 26 février 2011.

Dans une entrevue qu’elle m’a accordée dans le cadre du Glimmerglass Opera Festival où elle tenait le rôle d’Elisa dans la production de Tolomeo de Georg Friedrich Haendel, elle m’a confié que ces engagements au MET, qu’elle a obtenus à la suite d’une audition devant le chef James Levine, lui donnaient « des ailes»  ! Et ses ailes la mèneront à la fin de la saison 2010-2011 à l’Opéra comique de Paris où elle incarnera le rôle du fermier Fragoletto dans Les Brigands de Jacques Offenbach. Si vous êtes à Paris les 24, 26, 29, 30 juin ou 2 juillet 2011 et voulez y entendre Julie Boulianne, je vous recommande de réserver vos places bien à l’avance pour cette production d’un Opéra comique qui a le vent dans les voiles !

Joan « La stupenda » Sutherland (1923-2010†)


Joan Sutherland
Portrait de June Mendoza

La « Stupenda », la stupéfiante ou prodigieuse, l’une des grandes sopranos dramatiques (et colorature) du XXe siècle est décédée le 10 octobre dernier à l’aube de ses 84 ans. Elle laisse dans le deuil les lyricomanes du monde entier qui ont pu apprécier son art à travers les rôles multiples et diversifiés qu’elle a tenus sur toutes les scènes de notre planète lyrique. Comme le soulignait Claude Gingras, ses deux présences au Québec, avec le Ladies Morning Musical Club et l’Orchestre symphonique de Montréal, auront permis aux mélomanes d’ici de connaître celle qui était devenue une légende. L’ont également connu des artistes d’ici qui ont eu le privilège de chanter avec elle, qu’il s’agisse de Joseph Rouleau, Huguette Tourangeau ou André Turp (mon oncle le père de mon cousin Richard !) qui avait, dans une production de Lucia de Lamermoor de Gaetano Donizetti au Royal Opera House de Londres, tenu le rôle de son fiancé Edgardo. Elle laisse dans le deuil son mari le chef d’orchestre et pianiste Richard Bonynge qui a voulu des « Obsèques intimes pour la soprano Joan Sutherland », sa « stupenda ». Elle survit par ses enregistrements et je vous invite à consulter la liste de ses meilleurs enregistrements compilée par Benoît Giguère en cliquant ici. Et si vous voulez la voir et l’entendre et constater comment elle maîtrisait bien la langue française, je vous suggère de visionner, en cliquant ici, un extrait de La Fille du régiment de Donizetti qu’elle chante en compagnie d’Alfredo Krauss à Carnegie Hall en 1987.

Un retour sur la projection de L’Or du Rhin de Richard Wagner dans le cadre de la série MET Live in HD

J’ai assisté à la projection de L’Or du Rhin de Richard Wagner dans la mise en scène de Robert Lepage au cinéma Quartier latin le samedi 9 octobre dernier dans le cadre de la première des 12 projections de la cinquième saison de la série MET Live in HD. La transcription cinématographique de la production m’a plu et je crois que l’équipe du directeur des HD Live Transmissions, Gary Halvorson, a su bien adapter à l’écran le prologue du Ring conçu par l’équipe d’Ex Machina. J’ai pu apprécier davantage encore les prouesses vocales des grands interprètes wagnériens et wagnériennes de l’heure, et en particulier celles de l’Alberich d’Eric Owens qui est, comme je l’avais aussi pensé lors de la première que j’avais vu à New York, le 27 septembre dernier, le chanteur qui se distingue dans cette production. La beauté de certains costumes, dont celui de la Fricka de Stephanie Blythe, peut être mieux évaluée à l’écran, comme peuvent les costumes dont l’esthétique est douteuse, comme c’est le cas selon moi de ceux que portent les géants. La proximité qu’offre le cinéma permet également de mieux juger de la qualité scénique d’une production. Ainsi, la scène d’ouverture avec les filles du Rhin m’a semblé davantage réussi encore. La dernière scène, que je n’avais pu voir en raison de la panne de la « machine » lors de la première, s’est avérée haute en couleurs…de l’arc-en-ciel ! Si l’on peut admettre que cette finale est spectaculaire, la façon que Robert Lepage a choisi d’illustrer la montée du Walhalla ne m’a pas complètement convaincu et j’aurais voulu, comme d’autres sans doute, que la dispositif scénique, ou les effets scéniques qu’il il est capable de produire, présentent le château de Wotan.

Eric Owens dans le rôle d’Alberich
Photographie : Ron Howard

Nos critiques musicaux ont formulé leurs vues sur cette diffusion. Christophe Huss du journal Le Devoir fut d’avis que le « Das Rheingold par Robert Lepage [était] plus grand que nature », alors dans les pages de La Presse le critique Claude Gingras a bien aimé le « Rheingold de Lepage au met […] sauf la scénographie ».

L’Opéra du samedi propose aujourd’hui à ses auditeurs et auditrices l’audition de Maria Stuarda de Gaetano Donizetti dans une production de la Canadian Opera Company (COC). Les orchestre les chœurs de la COC sont sous la direction d’Antony Walker et la distribution comprend les sopranos Serena Farnocchia (Maria Stuarda), Alexandrina Pendatchanska (Elisabetta) et Ileana Montalbetti (Anna Kennedy), le ténor Eric Cutler (Roberto) et les basses Patrick Carfizzi (Giorgio Talbot) et Weston Hurt (Cecil). L’animatrice Sylvia L’Écuyer rendra hommage à Joan Sutherland et s’entretiendra dans sa chronique d’actualités musicales avec la soprano Frédérique Vézina et le chef Jacques Lacombe qui participent à la création mondial au Vancouver Opera de l’opéra Lillian Alling du compositeur John Estacio et du librettiste John Murrell.

Bonne semaine lyrique !