Manon par Marianne Fiset à l’Opéra de Montréal, un trio/quatuor québécois pour les Dialogues des Carmélites du Canadian Opera Company et Theodora par Les Violons du Roy

18 mai 2013
(No 2013-20)

Pour clôturer sa 33e saison, l’Opéra de Montréal présente Manon de Jules Massenet et fait appel à la soprano Marianne Fiset pour interpréter le rôle-titre. Celle-ci reprend le rôle de ses grands débuts à l’Opéra Bastille à Paris où elle a, en février 2012, remplacé Natalie Dessay et soulevé l’enthousiasme de la critique française. En remplacement du ténor portugais Bruno Ribeiro qui a dû annuler sa participation pour cause d’indisposition et dans le rôle du Chevalier des Grieux, la compagnie lyrique montréalaise pourra compter sur le ténor américain Richard Troxell. Feront aussi partie de la distribution Alain Coulombe et Alexandre Sylvestre, qui incarneront respectivement le Comte des Grieux et Brétigny. Le lauréat du Concours Standard Life/OSM de 2011 et jeune baryton canadien Gordon Bintner sera Lescaut et chantera ici son premier rôle à la compagnie. Le chef de l’Orchestre symphonique de Québec Fabien Gabel dirigera l’Orchestre Métropolitain et le Chœur de l’Opéra de Montréal. La mise en scène a été confiée à Brian Deedrick. Les décors seront ceux qu’avait conçus Bernard Uzan pour la production montréalaise de 1999 et les costumes sont ceux de l’Opéra de Montréal. Les éclairages ont été à nouveau confiés à Anne Catherine Simard-Deraspe.

Après la première de ce soir, trois autres représentations sont prévues les mardi 21, jeudi 23 et samedi 25 mai à 19 h 30 à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Ces représentations seront précédées à 18 h 30 par une conférence Pré-opéra présentée au Piano nobile par le musicologue en résidence de l’Opéra de Montréal et son directeur des communications, Pierre Vachon.

Pour une présentation de cette dernière production et pour écouter des extraits de Manon (avec Ileana Cotrubas, Alfredo Kraus, Gino Quilico et l’Orchestre du Capitole de Toulouse sous la direction de Michel Plasson), vous pouvez vous rendre sur le site de l’Opéra de Montréal en cliquant ici.

Et je vous invite égalemet à lire l’article que consacre Le Devoir à Manon ce matin et que signe son critique musical Christophe Huss sous le titre « Les deux visages de Manon- L’Opéra de Montréal clôt sa saison avec l’opéra phare de Massenet ». Caroline Rodgers publie également un texte dans La Presse d’aujourd’hui intitulé « Vivre Manon » et y présente une entrevue réalisée avec Marianne Fiset.

Et si vous voulez voir et entendre d’ici le lever du rideau ce soir Manon dans sa version intégrale (2 : 47 : 16) et dans une production du Wiener Staatsoper de 2007 mettant en présence Anna Netrebko et Roberto Alagna et dont Bertrand de Billy assure la direction musicale, vous pouvez cliquer ici.

La vie parisienne de Jacques Offenbach à l’Opéra de Québec :  de l’opérette à son meilleur!

Après La Traviata fort réussie en début de sa 29e saison, l’Opéra de Québec avait choisi de faire succéder au drame lyrique de Giuseppe Verdi la caricature lyrique de La Vie Parisienne de Jacques Offenbach. Et les lyricomanes de Québec ont eu droit à de l’opérette à son meilleur. Grégoire Legendre ne s’est pas trompé en confiant la mise en scène de l’œuvre la plus achevée d’Offenbach au metteur en scène Alain Gauthier. Celui-ci a démontré, comme il l’avait pour Dead Man Walking de Jake Heggie à l’Opéra de Montréal, qu’il sait exploiter une œuvre lyrique, quel qu’en soit genre. Si la sobriété du premier tableau pourrait lui être reproché, il a fait véritablement ressortir les talents d’acteur des uns et des autres et créer des personnages qui ont su traduire l’effervescence de l’opérette. Le talent de metteur en scène lyrique d’Alain Gauthier se confirme de production en production et l’on anticipe le plaisir de le voir relever d’autres défis à l’Opéra de Québec.

Son travail aura été facilité par une distribution qui s’est, de toute évidence, prise au jeu. Le succès de la production a beaucoup reposé sur la prestation des deux dandys désoeuvrés que furent Éric Thériault et Patrick Mallette. Leurs voix étaient belles et bien placées tout au long de l’opéra. Au plan théâtral, ils ont su démontrer la complicité de Bobinet et Gardefeu. Des trios sopranos Natalie Paulin (Métalla), Monique Pagé (Baronne de Gondremarck) et Pascalle Beaudin (Gabrielle), c’est la première qui s’est distinguée et dont la performance, tant vocale que dramatique, a servi à merveille l’opérette d’Offenbach. On ne saurait négliger l’apport du baryton-basse Robert Huard qui offre les moments les plus comiques de l’œuvre et dont la voix est aussi juste que maîtrisée. Celui sur lequel peut régulièrement compter le Chœur de l’Opéra de Québec aura prouvé qu’il mérite des rôles de soliste et il est à espérer qu’il soit de retour sur la scène de la salle Louis-Fréchette. Dans son rôle du brésilien, le ténor Marc Hervieux a été nettement plus convaincant que dans celui qu’il avait incarné dans Die Fledermaus à l’Opéra de Montréal. D’ailleurs, il est difficile de résister à la comparaison des deux productions d’opérettes proposées cette année par les compagnies lyriques de la capitale nationale et de la métropole et d’affirmer qu’avec la production de La vie parisienne, avec des moyens vraisemblablement bien plus modestes, l’Opéra de Québec a surpassé, de loin et en qualité, le « four » que fut La Chauve-souris de l’Opéra de Montréal.

Quant à la direction musicale de Jean-François Rivest, elle a- de l’ouverture jusqu’au tableau final- habilement servi la partition d’Offenbach et su lui insuffler le rythme et l’humour recherchés par le compositeur. Grâce au chef Chœur de l’Opéra de Québec Réal Toupin, Jean-François Rivest a pu compter sur des choristes qui ont su accompagner, aussi efficacement que gaiement, l’action.

Une fois de plus, Grégoire Legendre a réussi sa saison. Cette réussite est d’ailleurs susceptible de se prolonger durant l’été avec la présentation lors du troisième Festival d’opéra de Québec de La damnation de Faust d’Hector Berlioz dans une mise en scène de Robert Lepage et Powder her face de Thomas Adès. Des rendez-vous lyriques…à ne pas manquer!

Un trio/quatuor québécois pour de magnifiques Dialogues des Carmélites au Canadian Opera Company

J’ai également assisté hier soir à Toronto à la quatrième des huit représentations des Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc par la Canadian Opera Company. L’un des lyricomanes que j’ai entendu après  la représentation m’a paru traduire de façon très juste la production du chef d’œuvre lyrique du compositeur dont le COC souligne judicieusement le 50e anniversaire du décès en 2013 en disant d’elle qu’elle était « powerful ». La puissance de cette production, et j’ajouterais quant à moi sa sidérante beauté, doit beaucoup au metteur en scène canadien Robert Carsen qui a su, par la sobriété du décor et la chorégraphie du choeur, que des éclairages sublimes ont tant su mettre en valeur, mettre la musique de Poulenc et les mots du Bernanos au service du thème de l’œuvre, d’en révéler la « grâce divine ».

Deux autres commentaires de cette production ont été formulées par les critiques musicaux  Richard Boisvert, « La vie parisienne :  C’est la fête ! », Le Soleil, 13 mai 2013 et Christophe Huss, « La vie parisienne, ou l’opéra comme il se doit », Le Devoir, 13 mai 2013.

La qualité de la production repose aussi sur une distribution judicieusement choisie. Du trio canadien d’Isabel Bayrakdarian (Blanche de la Force), Judith Forst (Madame de Croissy) et d’Adrianne Pieczonka (Madame Lidoine), je retiens la très forte présence dramatique de Judith Forst, mais aussi et surtout la remarquable prestation vocale d’Adrianne Pieczonka. À ce trio, s’en ajoute un autre, celui composé par les trois artistes lyriques du Québec qui prennent part à la production torontoise. Dans leurs rôles des Marquis et Chevalier de la Force, le baryton Jean-François Lapointe et le ténor Frédéric Antoun– dont les voix sont justes et la diction si impeccable- confèrent dès le premier acte une réelle crédibilité à leurs personnages. Ils donnent le ton à cet opéra et nous préparent au dénouement tragique de l’œuvre. Dans son rôle de Sœur Constance, la soprano Hélène Guilmette se distingue une fois de plus et démontre à nouveau un immense talent lyrique. Qu’il s’agisse de passages ludiques du deuxième acte ou de la  place privilégiée qui lui est confiée lors la scène finale, sa présence est lumineuse et sa voix d’une incomparable beauté. Après avoir incarné ce rôle de Constance à Munich et maintenant à Toronto, une nouvelle prise de rôle l’attend à l’automne 2013 puisqu’elle incarnera Blanche à l’Opéra de Lyon dans une nouvelle production des Dialogues des Carmélites mise en scène par le cinéaste français Christophe Honoré. Le succès de la production torontoise repose aussi, selon le directeur général du COC Alexander Neef, sur la présence d’une quatrième artiste québécoise, en l’occurrence Rosemarie Landry. La professeure de la Faculté de musique de l’Université de Montréal a agi comme instructrice vocale pour les membres de la distribution et a, de toute évidence, contribué à faire de la version torontoise de l’opéra une très belle production d’expression française.

La direction musicale de l’Orchestre et du Chœur du COC par Johannes Debus rend justice à la magnifique partition de Francis Poulenc et réussit à envelopper de mystère l’action dramatique. Seul l’accompagnement de la scène finale m’a paru moins réussi par ailleurs et je n’ai pu m’empêcher de la comparer à celle qu’a rendu si émouvante l’Orchestre de l’Université de Montréal (OUM) sous la direction de Jean-François Rivest lors de la production des Dialogues des Carmélites présentée à la salle Claude-Champagne l’hiver dernier.

Si vous êtes de passage à Toronto, je vous recommande de réserver la matinée du dimanche 19 mai ou du samedi 25 mai ou la soirée du 21 ou du 23 mai pour assister à des magnifiques Dialogues des Carmélites et à une production qui fait honneur à l’un des plus beaux opéras du XXe siècle.

Un récital de la soprano Chantal Dionne à la Société Pro Musica

Dans le cadre de sa série Dominica, la société Pro Musica aura comme invitée la soprano Chantal Dionne. Le programme du récital comprendra les Poèmes de Victor Hugo de Franz Liszt ainsi que des œuvres de Sergei Rachmaninov et de Joseph Canteloube. Ce  récital aura lieu à la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal le dimanche 19 mai 2013 à 15 h 30. Je me suis procuré un billet pour entendre ce récital, mais je ne pourrai hélas l’entendre étant en route vers Beijing. Mon camarade et autre apprenti musicologue Justin Bernard a hérité de mon billet et deviendra, pour l’occasion un chroniqueur lyrique car je lui ai demandé de rédiger un commentaire sur le récital…que je diffuserai dans l’article du blogue lyrique de samedi prochain !


Chantal Dionne

Un Gala wagnérien à l’Amicale de la Phonothèque

Pour célébrer le 200e anniversaire de naissance de Richard Wagner et dans le cadre de l’Amicale de la Phonothèque, la Société d’art vocal de Montréal fera revivre le Gala Wagner présenté le 31 décembre 1993 à Berlin.  Georgegs Quellos présentera des extraits de Tannhäuser, Lohengrin, Die Meistersinger von Nürnberg et Die Walküre, avec Cheryl Studer, Waltraud Meir, Siegfried Jerusalem et Bryn Terfel, le tout sous la direction de Claudio Abbado à la tête de l’Orchestre philharmonique de Berlin. Cette activité se déroulera au Café d’art vocal le mardi 21 mai 2013 à 18 h 30.

Theodora de Georg Friedrich Handel par Les Violons du Roy, la Chapelle de Québec, Karina Gauvin et Marie-Nicole Lemieux

Pour conclure la saison de l’ensemble Les Violons du Roy et de la Chapelle du Québec, le chef Bernard Labadie dirige pour la première fois Theodora (HWV68), l’un des plus grands oratorios de Georg Friedrich Handel. La distribution regroupe cinq étoiles parmi les plus brillantes de la constellation baroque : la soprano Karina Gauvin (Theodora), la contralto Marie-Nicole Lemieux (Irene), le contre-ténor Iestyn Davies (Didymus), le ténor Allan Clayton (Septimius) et le baryton-basse Andrew Foster-Williams (Valens). Trois représentations sont prévues, dont deux à Québec à la salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm les jeudi et vendredi 23 et 24 mai à 20 h et une à la Maison symphonique de Montréal, le samedi 25 mai à 19 h 30.

Une quatrième édition pour le FestivalOpéra de Saint-Esutache

Poursuivant sa mission de « populariser l’opéra», le FestivalOpéra de Saint-Eustache présentera la quatrième édition de l’événement du 12 au 14 juillet 2013. Organisé par sa directrice artistique Leila Chalfoun dans le cadre enchanteur et historique du Vieux-Saint-Eustache dans les Basses-Laurentides, le festival de 2013 gravite autour des thèmes de la passion, de la voix, du drame et de la magie. Il rassemblera plus de 30 artistes du milieu lyrique québécois, canadien et international.

Un Concert des étoiles inaugurera le festival le vendredi 12 juillet et mettra en vedette le baryton Gino Quilico, la mezzo-soprano Julie Nesrallah et la soprano Sahara Sloan. Le pianiste Dominique Boulianne accompagnera les trois artistes. La soirée Voix de chez nous se déroulera quant à elle le samedi 13 juillet et sera conçue par le maestro Colin Doroschuk autour d’airs d’opéra et de ses propres compositions. Prendront part à cette soirée la mezzo-soprano Arminè Kassabian, les sopranos Sophie de Cruz et Chantal Parent, le ténor Éric Thériault ainsi que les barytons Marc-Antoine d’Aragon et Martin-Michel Boucher. La soprano Leila Chalfoun agira comme narratrice et l’accompagnement au piano sera celui de Jérémie Pelletier. Le FestivalOpéra récidive en 2013 avec la présentation d’un autre concert Wagner en plein air le dimanche 14 juillet. Dans une mise en espace du metteur en scène en résidence du FestivalOpéra Dorian Fourny, la soprano Angèle Plourde, la mezzo-soprano Geneviève Després-Couillard, le ténor Guy Lessard, le baryton Eugene Voicu et la basse Marcel Beaulieu interpréteront des extraits des opéras Tannhäuser et Die Walküre.

La directrice Leila Chalfoun a par ailleurs annoncé que le Festival produira, dans le cadre d’un Off-Festival le 18 octobre 2013, l’opéra Die Zauberflöte (La Flûte enchantée) de Wolfgang Amadeus Mozart. La distribution comprendra Sahara Sloan, soprano (Pamina), Nils Brown, ténor (Tamino), Nicola Rigas, baryton (Papageno), Leila Chalfoun, soprano (Papagena), Suzanne Rigden, soprano colorature (Reine de la nuit), Fernand Bernadi, basse (Sarastro), Raphaëlle Paquette, soprano colorature, Sarah Halmarson, soprano et Jessica Bowes, mezzo (Les trois dames) ainsi que Philippe Pierce, ténor (Monostatos). Le chef Louis Lavigueur dirigera l’Orchestre du FestivalOpéra de Saint-Eustache et Jean-Sébastien Lévesque préparera le chœur. La mise en scène a été confiée à Dorian Fourny.

Pour des renseignements détaillés sur la programmation du festival et sur les personnes et institutions qui le soutiennent, vous pouvez vous rendre sur son site à l’adresse http://www.festivaloperasteustache.com.

À L’Opéra du samedi, l’animatrice Sylvia L’Écuyer entreprend en ce 18 mai 2013 « La saison du printemps »  et présente les artistes lyriques du Québec et du Canada sur les scènes européennes. Sera radiodiffusé aujourd’hui l’opera buffa Le Nozze di  Figaro de Wolfgang Amadeus Mozart dans une production du Festival de Verbier de 2012. La distribution comprend Gábor Bretz, basse (Figaro), Sylvia Schwartz, soprano (Susanna), Joshua Hopkins, baryton (le Comte Almaviva), Susanna Phillips, soprano (la Comtesse Almaviva), Daniela Mack, mezzo-soprano (Cherubino), Catherine Wyn-Rogers, mezzo-soprano (Marcellina) et Emöke Baràth, soprano (Barbarina). Le chœur et l’orchestre de chambre du Festival de Verbier sont sous la direction de Paul McCreesh. En complément de programme, l’animatrice présentera des extraits d’un récital Beethoven/Schubert de Joshua Hopkins à Vancouver. Et dans le cadre de ses actualités, elle s’entretiedra avec Bernard Labadie qui dirige une distribution de rêve et les Violons du Roy dans Theodora de George Friedrich Handel à Québec et à Montréal.

À L’opéra…le dimanche aussi !, l’émission que j’anime sur les ondes de Radio Ville-Marie, je ferai entendre le dimanche 19 mai 2013 de 13 h à 15 h et un lendemain de première de Manon à l’Opéra de Montréa, le premier et le cinquième et dernier acte de l’opéra de Jules Massenet. En deuxième partie d’émission, je vous proposerai d’écouter de L’opéra concertant par le Trio Hochelaga et un pot-pourri d’opéras français que vient d’enregistrer cet ensemble sur étiquette Atma classique.

Pour son Printemps des musiciens du lundi 20 mai 2013, l’animatrice Françoise Davoine proposera une détente avec la voix du ténor anglais Alan Clayton. Et cela permettra d’ailleurs découvrir celui qui interprétera le rôle de dans le Theodora de Georg Friedrich Handel que Les Violons du Roy et la Chapelle de Québec présentent cette semaine dans la capitale nationale et Montréal (voir ci-haut). L’émission sera diffusée sur Espace musique de 20 h à 22 h.

Bonne semaine lyrique…au terme de laquelle, je vous écrirai de Beijing en Chine où je me rends pour une mission académique du 21 au 31 mai 2013 et avec la ferme intention de voir une production de Nabucco de Giuseppe Verdi à l’Opéra de Beijing.

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