Le Nozze di Figaro à l’Opéra de Montréal : un mariage impeccable de la voix, du théâtre et de la musique

24 septembre 2011
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° 2011-38)

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Julie Boulianne (Cherubino), Hélène Guilmette (Susanna) et Nicole Cabell (Rosina)

Avec la première production de sa 32e saison et la présentation de Le Nozze di Figaro de Wolfgang Amadeus Mozart, l’Opéra de Montréal propose ce à quoi s’attendent les amoureux de l’art lyrique : un mariage impeccable de la voix, du théâtre et de la musique. Après avoir vu la première du samedi 17 septembre et une récidive lors de la représentation du jeudi 22 septembre 2011, j’ai été conforté dans mon évaluation de la qualité de cette production que je considère comme l’une des meilleures de la compagnie lyrique montréalaise depuis sa Madama Butterfly de 2008.

Parmi les interprètes et dans son rôle de Susanna, la soprano Hélène Guilmette offre une prestation vocale tout simplement exceptionnelle : la voix est cristalline, le timbre riche et tous les récitatifs et airs, sans exception, démontrent une maîtrise remarquable de la technique et de l’expression vocales. Quelle carrière prometteuse attend celle dont l’ « enthousiasme fou pour l’art lyrique » était si palpable sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier. Le Cherubino de Julie Boulianne est également à la hauteur des attentes à l’égard de cette artiste lyrique qui contribue pleinement au succès de la production. Ses airs Non so più cosa son, cosa faccio et Voix che sapete sont chantés avec la mélancolie, la grâce et l’émotion retenue qu’ils requièrent. La comtesse Almaviva de la soprano américaine Nicole Cabell tire également bien son épingle du jeu « lyrique » et son interprétation de l’air E Susanna non vien… Dove sono traduit avec justesse les émotions changeantes de Rosina. Si sa voix s’éclipse parfois devant celles des ses camarades de scène dans certains ensembles, elle séduit dans certains passages de l’opéra par une voix d’une réelle beauté. À ce trio de femmes, s’ajoute un duo d’hommes dont les performances expliquent l’impeccable mariage… des voix. Le baryton Philip Addis livre une performance digne de mention et sa voix est très bien projetée dans l’immense salle Wilfrid-Pelletier. Elle est claire et d’une belle ampleur, dans l’ensemble des registres. Quant au baryton-basse Robert Gleadow, il prête à Figaro une voix qui impressionne dans les graves et est belle dans le médium, tout en étant plus tendue dans les aigus. Les autres membres de la distribution, qui ont reçu une formation à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal ou y sont actuellement en stage, et en particulier Aidan et Aaron Ferguson, complètent fort bien la distribution et démontrent qu’avec des choix judicieux le talent que produit cette école de formation permet à l’Opéra de Montréal d’offrir des productions de classe internationale.

L’excellence de la production de ces « Noces » est éminemnent liée à la qualité du jeu théâtral des interprètes. Ici, Hélène Guilmette se distingue encore et son talent d’actrice est révélé tout au long d’un opéra où elle est sans cesse présente sur scène. On peut en dire autant de son fiancé Figaro car Robert Gleadow manie le sérieux et l’humour du livret de Da Ponte avec doigté et intelligence. Sans doute, la performance théâtrale de Julie Boulianne lui vaudra d’autres invitations à incarner le rôle de Cherubino car elle propose une composition qui colle tout à fait au personnage. Elle amuse et s’amuse – comme le rôle l’exige- et réussit à développer avec des personnages aussi différents que Susanna, Figaro, le comte et la comtesse une authentique complicité. Et s’agissant de la théâtralité, Philip Addis est nettement plus convaincant dans le rôle d’Almaviva qui ne l’était lors de la production de Werther par l’Opéra de Montréal la saison dernière. Parmi les autres interprètes, le Bartolo d’Alexandre Sylvestre est fort bien réussi sous l’angle théâtral, et il en va de même de la Barbarina de Frédérique Drolet et de l’Antonio de Philip Kalmanovtich.

La réussite de la production montréalaise n’est pas étrangère à la qualité de la mise en scène de Tom Diamond. Celui-ci a donné du sens à l’action du premier au dernier acte et a su imposer à ses personnages le rythme approprié. Qu’il s’agisse des premiers moments de la production où il a rappelé cette distinction de classes que cherchait à révéler Beaumarchais et qu’ont traduit par leur opéra Da Ponte et Mozart, des entrées et sorties multiples et d’une action en mouvement constant, il a su créer un atmosphère qui a rappelé que l’opéra est du théâtre lyrique et que du bon théâtre à l’opéra est un gage de succès. La simplicité des décors d’Allen Charles Klein n’a pas privé ceux-ci de leur pouvoir d’inscrire fort judicieusement l’opéra dans son époque et la subtilité des éclairages d’Anne-Catherine Deraspe, particulièrement en début et fin du deuxième acte, a véritablement rehaussé l’esthétique visuel de la production.

L’Orchestre métropolitain a rendu justice à la partition du génie de Salzbourg et le chef Paul Nadler a su démontrer ses qualités de chef lyrique. L’accompagnement des grands airs de l’opéra a été particulièrement réussi et la lecture de plusieurs autres passages a offert de belles nuances et couleurs. L’on doit à Claude Webster une direction de chœur qui a su également faire apprécier une musique qui fait dire si souvent qu’il  s’agit de l’opéra le plus achevé de Mozart.

Ainsi, l’année 2011-2012 de l’Opéra de Montréal est fort bien commencée, d’autant que la production aura été très courue par les lyricomanes. Les trois premières représentations auront affiché complet ou presque et que la quatrième et dernière représentation de ce soir est à guichets fermés! Si vous voulez voir la production, il faudra vous rendre à l’Espace culturel Georges-Émile Lapalme ou à l’entrée de la salle Wilfrid-Pelletier et espèrer qu’une âme généreuse vous offrira- ou vendra- le billet d’un partenaire ou d’une partenaire…dont vous ne regretterez pas le désistement !

Pour apprécier les vues des trois critiques musicaux sur cette production, vous pouvez lire les artices de Claude GINGRAS, « Opéra de Montréal- Des noces traditionnelles… et réussies », La Presse, 19 septembre 2011, p. AS-6, Christophe HUSS, « Concerts classiques- Des Noces réussies », Le Devoir, 19 septembre 2011, p. B-8 et Wah Keung CHAN, « Opéra de Montréal Review- A fleeting but fulfilling Marriage of Figaro », The Gazette, 19 septembre 2011, p. A-29.

The International Tenors au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts

The International Tenors seront au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts ce soir à 20 h pour y présenter un spectacle d’airs d’opéra, de comédie musicale et de musique pop. Ces airs seront issus des répertoires français, italien, anglais, espagnol et allemand et comprendront notamment Mattinata, Vesti La Giubba, Nessun Dorma, La Vie en rose, You Raise Me UpSolamente Una Vez, Tonight, Edelweiss, O Sole Mio, Pourquoi me réveiller ?, Plaisir d’amour, Time to Say Goodbye et Arrivederci Roma. Pour plus d’informations sur ce spectacle, vous pouvez cliquer ici.

Voix, orgue et Cosmos avec Brigitte et Dominique Proust…prise 2 à Montréal

Après présenté leur concert Voix, orgue et cosmos à l’orgue « 1753 » de la Chapelle du Musée de l’Amérique française à Québec dimanche le 18 septembre 2011, l’organiste Dominique Proust et la mezzo-soprano Brigitte Proust offriront à nouveau ce concert dans le cadre du cycle Les Dominicales de l’Église Saint-Jean-Baptiste le dimanche 25 septembre 2011. Le programme comprendra notamment la Fugue en do majeur de William Herschel, l’hymne Naturalis Concordia Vacum Planetis (Manuscrit de la Bibliothèque nationale, Paris XIIe siècle) et le Dialogo de Vicenze Galilei. Le concert débute à 16 h 15 et a lieu dans la magnifique chapelle Saint-Louis de l’Église Saint-Jean-Baptiste situé au 4230, rue Drolet à Montréal.

Lancement du disque A Napoli du ténor Marc Hervieux au Marché Jean-Talon

Dans sa noble et généreuse mission d’intéresser la population à l’art lyrique, notre ténor national Marc Hervieux lancera un nouveau disque intitulé A Napoli au Marché Jean-Talon à Montréal le mardi le 27 septembre prochain à 16 h. Comme l’indique l’invitation au lancement, toutes les personnes qui souhaitent assister à cet événement unique sont les bienvenues et « votre famille, vos amis, tous les ‘’ fans ‘’ de Marc sont aussi invités […] » à la place centrale du marché situé au 7070, rue Henri-Julien. Je compte bien y être quant à moi !

Dans cet enregistrement qui paraît sous étiquette Atma classique, Marc Hervieux interprète 15 chansons populaires italiennes dont Mattinata, Santa Lucia et Aprile dans des arrangements conçus et réalisés par Louise-Andrée Baril. Pour écouter des extraits d’A Napoli qui sont accessibles sur le site d’Atma classique, vous pouvez cliquer ici. Si le coeur vous en dit, vous pourrez aussi syntoniser mon émission « Le mélomane » sur les ondes de Radio Ville-Marie demain entre 14 h et 15 h où je ferai entendre, dans le cadre de ma Chronique de disques, plusieurs extraits d’A Napoli.

La journaliste Caroline Rodgers propose aujourd’hui un beau portrait de celui qui « a l’impression d’avoir été italien dans une autre vie » dans un article portant le titre « Marc Hervieux- Amours à l’italienne », La Presse, 24 septembre 2011, p. AS-11.

Suite et fin de « De Mozart à Puccini : Comment analyser l’opéra italien ? » par Steven Huebner

La série de conférences de prestige du  secteur musicologie de la Faculté de musique de l’Université de Montréal et l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique se poursuit cette semaine avec les troisième et quatrième conférences du professeur Steven Huebner de la Schulich School of Music de l’Université McGill. Sur le thème général « De Mozart à Puccini : Comment analyser l’opéra italien ? » et après avoir abordé les thèmes Texte et œuvre le 20 septembre et Unité et cohérence le 22 septembre, ce sont Les formes musico-dramatiques de l’opéra italien qui l’intéresseront le 27 septembre et c’est avec le thème Orchestre et continuité qu’il concluera sa réflexion le 29 septembre. Elles se dérouleront à la salle Serge-Garant (B-484) du Pavillon de la Faculté de musique de l’Université de Montréal situé au 200, avenue Vincent-d’Indy et débuteront à 17 h.

Airs et ouvertures de Georg Friedrich Haendel au Festival Orgue et couleurs

Dans le cadre de sa 13e édition, le Festival Orgue et couleurs réserve une place à l’art lyrique. La soprano Caroline Demers interprétera dans le cadre du concert apéro du mercredi 28 septembre des airs tirés des opéras Serse, Giulo Cesare in Egitto et Rinaldo ainsi que de l’oratorio Messiah. Elle sera accompagnée par l’organiste Louis Brouillette. Ce concert aura lieu à 17 h 30 l’Église du Très-Saint-Rédempteur situé au 3530, rue Adam à Montréal.


Caroline Demers et Louis Brouillette

La soprano Karina Gauvin au Concert inaugural de la salle Bourgie

Après l’inauguration de la Maison symphonique de Montréal, la métropole québécoise se prépare à l’ouverture d’une autre salle : la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal. Située au sein du Pavillon d’art québécois et canadien du musée, cette salle qui comporte 444 places et où plusieurs ensembles y ont maintenant élu domicile, comme Les Idées heureuses, l’ensemble Arion et Les Violons du Roy. Animée par la Fondation Arte musica et sa dynamique directrice artistique Isolde Lagacé, la salle ouvrira officiellement ses portes le mercredi 28 septembre 2011. Le Concert inaugural de la salle Bourgie mettra notamment en vedette la soprano Karina Gauvin qui interprétera des lieder de Franz Schubert et d’Olivier Messiaen. Ce concert sera repris les mardi 4, mercredi 5 et jeudi 6 octobre 2011 à 19 h 30…mais je crains fort que les billets soient déjà tous vendus ! Vous pourrez toutefois découvrir la nouvelle salle à l’occasion de huit autres concerts inauguraux- dont un concert dans le cadre de la série Dimanches-familles en musique avec la soprano Nathalie Choquette. Ces concerts inauguraux seront présentés entre le 11 et 21 octobre 2011 et au sujet desquels vous trouverez des informations sur le site de la Salle Bourgie en cliquant ici.

Dans un article publié sous le titre « Salle Bourgie : le rêve d’un philanthrope », Le Devoir, 24 et 25 septembre 2011, p. E-1 et 3, le critique musical Christophe Huss propose un entretien fort intéressant avec Pierre Bourgie qui a généreusement investi dans cette salle de concert et dans le volet musical de l’activité du Musée des Beaux-Arts de Montréal.

À L’Opéra du samedi aujourd’hui,  une production d’Aïda de Giuseppe Verdi par  la Canadian Opera Company sous la direction de Johannes Debus. La distribution comprend Sondra Radvanovsky, soprano (Aïda), Rosario La Spina, ténor (Radames), Jill Grove, mezzo-soprano (Amneris), Scott Hendricks, baryton (Amonasro), Phillip Ens, basse (Ramfis), Alain Coulombe, basse le (Roi d’Égypte). Après l’opéra, l’animatrice Sylvia L’Écuyer présentera ses Actualités musicales, et notamment les nouveautés du disque et l’agenda bien garni de Karina Gauvin.

Et comme je l’indiquais plus haut, vous pourrez entendre au début de la deuxième heure de mon émission « Le mélomane » -diffusé sur les ondes de Radio Ville-Marie demain le dimanche 25 septembre 2011 entre 13 h et 15 h- des extraits d’A Napoli de Marc Hervieux. Ces extraits seront présentés autour de 14 h 10 dans le cadre de la Chronique des disques. Ce segment de l’émission sera précédé d’une Chronique des revues durant laquelle je commenterai le contenu du numéro de septembre du Magazine Opéra (que vous pouvez feuilleter en ligne en cliquant ici). J’y ferai entendre l’air Salut! demeure chaste et pure de l’opéra Faust de Charles Gounod interprété ténor maltais Joseph Calleja qui fait la « une » du magazine et qui vient d’enregistrer un disque sous étiquette Decca intitulé « The Maltese Tenor ».

Et s’agissant des projections d’opéra de la semaine, vous pourrez visionner l’opéra La Forza del destino de Giuseppe Verdi dans une production de l’Opéra de Florence de 2007 le samedi 24 septembre à 12 h 30 et le jeudi 29 septembre 2011 à 18 h 30 au Café d’art vocal. Dans le cadre de la série Opéramania, la production de Rusalka d’Antonin Dvorak par l’Opéra national de Paris en 2002 sera projetée à la salle B-421 du Pavillon de musique de l’Université de Montréal le vendredi 30 septembre 2011 à compter de 19 h 30.

Bonne semaine lyrique!

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