Les programmes et engagements électoraux de 2012 5. Les autres partis politiques du Québec

10 août 2012
(No 2012-06)

INTENTIONS DE VOTE- 10 AÔUT 2012

 

En ce 10 août 2012, deux maisons de sondage du Québec présentent des données sur les intentions de vote et sur plusieurs autres enjeux de la campagne électoraux déclenchée le 1er août 2012. Le sondage CROP/La Presse est présentée comme annonçant « Une majorité à la portée du PQ » alors que le sondage Léger Marketing/Le Devoir suggère que « La CAQ gagne six points et brouille les cartes ». CROP a été réalisé un sondage téléphonique probabiliste et un total de 1061 entrevues ont été réalisées entre le 4 et le 8 août 2012. Le sondage de Léger Marketing a été réalisé du 6 au 8 août 2012 par internet auprès de 1589 personnes.

La différence notable entre les deux sondages est celle de l’appui que reçoit la Coalition Avenir Québec. Le parti de François Legault obtient 6 % plus d’appuis dans le sondage Léger Marketing que dans le sondage CROP, tant dans l’électorat en général qu’auprès de l’électorat francophone. L’appui de cet électorat au Parti libéral est nettement moins élevé dans le sondage Léger Marketing (18 %) que dans celui de CROP. Selon Jean-Marc Léger dont les propos sont rapportés dans Le Devoir, cette répartition donnerait un gouvernement péquiste minoritaire (avec la balance du pouvoir à la CAQ), puisque les libéraux perdraient des sièges francophones ». Mais il ajoute : « Mais elle signifie surtout qu’i y a ‘’ une vraie campagne, de vraies luttes et que tout est imprévisible ». Pour  le vice-président de CROP, Youri Rivest, cité dans La Presse, l’avance « substantielle » pour le PQ permet d’affirmer que Pauline Marois l’aurait emporté cette semaine et qu’ « [u]n gouvernement majoritaire paraît même à portée de main ». Les données complètes du sondage Léger Marketing sont rendues accessibles par Le Devoir et peuvent être consultées en cliquant ici. La Presse ne fait pas de liens avec le document préparé par CROP et celui-ci ne semble pas être accessible sur le site de cette maison de sondage. Plusieurs graphiques contenant les données du sondage CROP sont par ailleurs publiées aux pages A-2 à A-4 du journal La Presse. Le journal Le Soleil présente également les données de ce sondage en présentent plusieurs infographies qui peuvent être vues en cliquant ici.

Quand on compare les données de ces deux sondages avec celles de Research Forum (RF) publié hier le 9 août 2012 dans le National Post (« CAQ support surging as Quebec liberals, PQ slide : Poll ») et dont j’ai présenté les données dans le carnet électoral d’hier, on constate que les résultats de ce dernier sont très semblables aux ceux du sondage Léger Marketing (LM) : PQ : 34 % (RF), 32% (LM); PLQ : 32% (RF), 31% (LM); CAQ : 23 % (RF); 27% (LM); QS : 6% (RF), 6% (LM) : PVQ : 3% (RF), 2% (LM) : ON : 0,1% (RM); 2% (LM). La projection en sièges présentée par 308.com hier pourrait être semblable (PQ : 65; PLQ : 46; CAQ : 13; QS : 1), mais il sera intéressant d’examiner la prochaine projection qui devrait tenir compte des données des deux sondages d’aujourd’hui.

Si la tendance se maintient présente déjà une nouvelle projection de sièges fondée sur les données du sondage CROP La Presse. L’analyse Bryan Bréguet a entré les chiffres CROP dans son simulateur (et en donnant respectivement 3% et 1 % au Parti Vert du Québec et à Option nationale pour lesquels aucune donnée n’était accessible à l’analyste) obtient les résultats suivants : PQ: 68; PLQ: 42; CAQ: 14 QS: 1.  Le Parti Québécois détiendrait donc une majorité de sièges à l’Assemblée nationale du Québec et aurait en définitive cinq sièges de plus que les 63 sièges nécessaires pour atteindre une telle majorité.

Les programmes et engagements électoraux des 14 autres partis politiques du Québec

Au moment du déclenchement de la campagne électorale, 20 partis politiques étaient autorisés par le Directeur général des élections du Québec. Aux partis que sont les Coalition avenir Québec, Option Nationale, Parti libéral du Québec, Parti Québécois, Parti Vert du Québec et Québec solidaire, s’ajoutent les formations politiques suivantes dont six ont été autorisés en 2012 :

Bloc pot (1998)
Coalition pour la constituante
(2012)
Équipe autonomiste
(2012)
Mouvement équité au Québec
(2008)
Parti conservateur du Québec
(2012)
Parti de la classe moyenne du Québec
(2012)
Parti égalité/Equality Party
(1990)
Parti équitable
(2012)
Parti indépendantiste
(2007)
Parti marxiste-léniniste du Québec
(1989)
Parti nul
(2009)
Parti unité nationale
 (anciennement Parti démocratie chrétienne du Québec) (2002)
Qu̩bec РR̩volution d̩mocratique
(2011)
Union citoyenne du Québec / Québec Citizens’ Union
(2012)

En consultant le site du Directeur général des élections et les sites de ces divers partis. J’ai constaté que quatre d’entre eux n’était pas actifs. Il s’agit du Mouvement Équité (Mostafa Ben Kirane), du Parti Égalité/Equality Party (Keith Henderson), du Parti Unité nationale (Paul Biron) et de Québec- Révolution démocratique (Robert Genesse).

Le Parti marxiste léniniste du Québec dont le chef est Pierre Chénier ne semble pas avoir de programme et aucun engagement électoral ne se retrouve sur un site dans lequel on lit par ailleurs qu’il envisage de présenter 25 candidats à l’élection de 2012. Le Parti nul, dont la mission est d’inciter les électeurs et électrices è annuler leur vote et qui est dirigé par Renaud Blais, n’a ni programme ni manifeste électoral.

Trois partis sont dotés d’un programme ou d’une plateforme, mais ne semble pas avoir formulé d’engagements électoraux pour la présente campagne. Il s’agit de l’Équipe autonomiste dirigé par Guy Boivin et dont la plateforme comporte 61 propositions et se veut l’ébauche du programme du parti dont le chef est Guy Boivin. Le Parti de la classe moyenne du Québec de Jean Lavoie met de l’avant quant à lui cinq priorités et 30 engagements quant à lui. Le Parti équitable est doté d’un programme contenant 27 propositions présentées comme étant d’abord et avant tout la vision personnelle de son chef Yvan Rodrigue.

Cinq partis sont dotés d’un programme électoral ou d’une plateforme électorale. Le Programme officiel du Parti indépendantiste de Michel Lepage, adopté lors de son assemblée de fondation du 3 février 2008, est présenté comme la base d’une plate-forme électorale. À l’occasion des élections générales provinciales de 2012, le Bloc Pot dit se faire encore une fois l’avocat de son Programme officiel et présente également un Plan d’affaires électoral 2012 en guise de plate-forme économique spéciale. Comme l’affirme son chef Hugô St-Onge, « voter pour le Bloc Pot ne sera pas qu’un vote pour mettre fin à la prohibition ou un vote de protestation envers les partis traditionnels. Il s’agira aussi d’un geste positif démontrant votre accord avec cette plate-forme électorale spéciale ». La Coalition pour la constituante de Marc Fafard (et dont le porte-parole est le comédien Christian Bégin) ne propose pas de programme de gouvernement partisan mais coordonne une coalition historique de candidats, dont le seul engagement électoral est de procéder, au cours des deux années qui suivront son accession au gouvernement, à une réforme complète de nos institutions démocratiques ayant pour but de permettre aux citoyens de reprendre le plein contrôle de leurs représentants et de participer en permanence aux décisions qui les concernent. Cet engagement électoral est présenté comme étant un Engagement commun. Dirigé par Luc Harvey, le Parti conservateur du Québec se présente pour la première fois devant l’électorat avec une Plateforme électorale qui a été adoptée lors du premier congrès du parti les 26 et 27 mai 2012. Cette plateforme est divisée en cinq thèmes : 1. Famille ; 2. Gouvernance ; 3. Fiscalité et finances publiques ; 4. Développment économique ; 5. Culture et société. L’Union citoyenne du Québec d’Alexis St-Gelais a adopté le 4 août 2012 un Programme électoral complet comportant formulant 62 propositions réparties sous 12 thèmes. Ces propositions sont précédées d’un préambule de cinq paragraphes dont le premier se lit ainsi : « L’Union citoyenne du Québec a pour principal objectif de rétablir l’écoute entre le gouvernement et les citoyens. Nous mettons de l’avant une vision du Québec où les grands enjeux, comme les frais de scolarité, le développement durable ou l réforme du mode de scrutin, doivent faire l’objet de discussions collectives. Nous pensons que le Québec est mûr pour se doter d’une loi fondamentale ».

Il sera intéressant de voir si l’un de ces partis pourra durant les prochains 25 jours de la campagne susciter l’attention de l’électorat et des média québécois. À suivre donc !

J’ai deux lectures de campagne à vous recommander. D’abord le pamphlet, comme le présente son auteur en sa première ligne, de Gilles Toupin, Le mirage François Legault, Montréal, VLB éditeur, 2012 et l’article de Noémi Mercier, « Pauline Marois- L’étoffe d’un premier ministre ? », L’actualité, vol. 37, no 12, 1er septembre 2012, p. 29 et s.. Ces lectures sont instructives à plusieurs égards et permettent de comparer deux personnes qui étaient jadis alliées et qui convoitent aujourd’hui la même fonction de chef du gouvernement québécois !

Bonne début de journée…électorale!