Un deuxième débat en langue anglaise, après un premier débat dans la langue officielle du Québec et avant le « Face à face des chefs 2018 » et « La balance du pouvoir aux deux partis souverainistes » ?

17 septembre 2018
(No 2018-05)


Aislin (Terry Mosher)
Montreal Gazette, 15 septembre 2018

Les chefs des quatre partis politiques représentés à l’Assemblée nationale du Québec s’affronteront une deuxième fois en ce lundi 17 septembre 2018 dans un débat qui se déroulera en langue anglaise. Diffusé de 17 h 30 à 19 h par CBC Québec, il pourra être également vu sur CTV News et Global News, écouté sur CJAD 800, City et visionné sur le site de The Montreal Gazette. Il s’agit d’une première dans l’histoire politique du Québec, bien que, comme nous le rappelle le journaliste Marco Bélair-Cirano dans un article publié dans Le Devoir de ce matin (p A-4) sous le titre « Langue- Un premier débat en anglais en plus de 30 ans », que «[l]le dernier débat des chefs dans la langue de Mordecai Richler, entre le péquiste Pierre-Marc Johnson et libéral Robert Bourassa, remonte à 1985 [e] avait été diffusé seulement fè la radio.

Au sujet de l’idée de tenir un débat en langue anglaise et des enjeux que la tenue de ce débat a soulevé, je vous invite à lire la chronique que lui avait consacré Michel David dans Le Devoir du 3 mai 2018 sous le titre « L’anglais dans la cité » et sur lequel il s’est à nouveau penché le 15 septembre dans un article intitulé « Le débat des autres ».

Un premier débat dans la langue officielle du Québec…

Et s’agissant du premier débat qui s’est déroulé dans la langue officielle du Québec le jeudi 13 septembre 2018, il a donné lieu à des échanges intéressants entre Philippe Couillard, Jean-François Lisée, François Legault et Manon Massé.

Jean-François Lisée, Manon Massé François Legault et Philippe Couillard
Photographie : L’Actualité, 17 septembre 2018

Dans son commentaire du débat publié dans le Journal de Montréal du 14 septembre sous le titre « Lisée performe, Legault surfe, l’Ontario triomphe », le chroniqueur Mario Dumont a évalué ainsi la performance de chacun des chefs :

[…] Philippe Couillard maîtrise remarquablement les contenus. Il n’a pas besoin de documents ou de notes, ni pour les chiffres ni pour les enjeux. Son défi c’est de transformer cette maîtrise des contenus en messages simples et sentis qui touchent les gens. Ce soir, il n’a échoué à le faire que sur le thème crucial de la santé. Il a un peu mieux réussi ensuite. Philippe Couillard avait besoin d’un coup de barre solide. Les cinq ou six derniers jours de sa campagne ont été franchement difficiles. Le niveau d’énergie a baissé et le message s’est embrouillé. Hier soir, il a été beaucoup trop sur la défensive pour y arriver.

François Legault devait craindre de devenir la planche où on lance les dards. Ce n’est pas arrivé. Legault a su rester plutôt à l’attaque. Meneur dans les sondages, il en sort vraiment avec un minimum d’égratignures. Et il a passé ses messages, malgré un langage souvent technique. Le chef de la CAQ a profité du fait de voir la santé être abordée comme premier sujet. C’était l’occasion de passer en rafale tous ses messages-clés. Attaquer le gouvernement libéral, rappeler que les libéraux sont au pouvoir depuis longtemps, rappeler que les libéraux avaient promis de mettre fin à l’attente en 2003.

Jean-François Lisée a remporté la joute oratoire. Plus habile et incisif, il a marqué des points et surtout il a évité de se montrer arrogant comme certains le craignaient. Cependant, monsieur Lisée n’a pas réussi à accomplir les deux grosses tâches qui étaient les siennes. Clarifier le sens d’un vote au PQ une fois la souveraineté mise en veilleuse et discréditer Québec solidaire qui lui gruge des votes.

Manon Massé n’a été ni bonne ni mauvaise. Elle a su profiter de deux avantages : son discours très à gauche se distingue des autres chefs et elle sait parler simplement aux gens. Elle a été la championne de la gratuité. Le mot gratuité tourne au ridicule. Il n’y a rien de gratuit dans la vie. Il n’y a que les choses qu’on fait payer par les autres. Et tout ce qui est gratuit finit par être gaspillé. Quel manque de sérieux populiste

Vous trouverez ici une analyse fascinante du journal Le Devoir sur le « Débat en chiffres » et notamment sur les mots les plus fréquemment employés par les quatre chefs joliment illustré par l’image qui suit :

Le Face à face des Chefs 2018

Et je vous rappelle qu’un « Face à Face des chefs 2018 », animé par Pierre Bruneau et en langue française, sera diffusé sur les ondes de TVA et LCN le 20 septembre de 20 h à 22 h… et sera le troisième et dernier débat des chefs durant la présente campagne !

« La balance du pouvoir aux deux partis souverainistes ? ».

D’autres sondages ont été publiés la semaine dernière, notamment celui de Léger-Journal de MontréalMontreal Gazette du 11 septembre 2018 et, de ce sondage et certains autres, l’analyste Philippe J, Fournier se demande, dans un article diffusé par L’Actualité, en e17 septembre 2018, si « La balance du pouvoir [ira] aux partis souverainistes ». Il y écrit : « Bien qu’il soit trop tôt pour parler d’une tendance, la Coalition avenir Québec a reculé de plusieurs points dans les sondages depuis le premier débat des chefs. Et c’est le Parti québécois et Québec solidaire qui semblent en profiter ». En incluant les données des nouveaux sondages au modèle Qc125 et en mettant à jour la projection électorale, il constate que le vote populaire moyen de la Coalition Avenir Québec est de 33%, celui du Parti libéral du Québec de 30,6%, celui du Parti Québécois de 20, !% et celui de Québec solidaire de 12,0 %. La projection des sièges résultant de ces données serait la suivante :

Si la tendance devait se maintenir et le nombre de sièges résultant de cette projection s’avérait exact, les deux partis souverainistes détiendrait, l’un et l’autre, la balance du pouvoir. Si trois (3) des 15 voix du Parti Québécois ou trois (3) des six (6) voix respectives étaient ajoutées aux 60 voix de la Coalition Avenir Québec, une majorité de 63 voix pourrait ainsi se dégager lors de votes tenus à l’Assemblée nationale…un scénario tout à fait original et que d’aucuns et d’aucunes pourraient trouver fort intéressant!

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Je vous souhaite une bonne quatrième semaine de campagne... et serai de retour le 17 septembre avec le cinquième de sept carnets électoraux !

PS : J’ai par ailleurs été intéressé par la chronique que publie Fatima Houda-Pépin dans le Journal de Montréal de ce matin et dans laquelle sont rapportés des échanges qu’elle a eus avec de jeunes souverainistes. Elle paraît sous le titre « La souveraineté est morte, vive la souveraineté ! » et vaut la peine d’être lue par toute personne qui croit que les jeunes Québécois et Québécoises, sans exception, ne rêvent plus de liberté et d’indépendance !