Des sous-titres en français pour la série MET Live in HD : un pas dans la bonne direction, mais « ENCORE » !

2 octobre 2010
(No 2010-29)

Quelle semaine…lyrique! Après avoir participé au grand événement que fut la première de L’or du Rhin de Richard Wagner dans la production de Robert Lepage et de son équipe d’Ex Machina, j’ai pu assister à la deuxième représentation de Rigoletto à l’Opéra de Montréal et être témoin de L’art de Marie-Nicole Lemieux qu’accompagnaient Les Violons du Roy lors de l’ouverture de leur saison montréalaise 2010-2011. Dans quelques heures, je ferai part de mes vues sur ces deux derniers événements lyriques et ajouterai quelques mots sur la production du prologue du Ring de Robert Lepage que j’ai commenté dans le numéro spécial du présent blogue diffusé le 29 septembre dernier.

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Je tiens à souligner et me réjouir d’une petite victoire en notant le pas dans la bonne direction que constitue la décision de Cinéplex Divertissement de donner suite à la demande – que je formulais au nom des lyricomanes du Québec- d’offrir dorénavant des sous-titres français dans le cadre des « ENCORE » de la série MET Live in HD. Dans la lettre que j’adressais à l’administrateur général du Metropolitan Opera de New York, M. Peter Gelb, le 7 juillet 2010 et dont je tenais copie aux dirigeants Cinéplex divertissement (et dont vous pourrez lire le texte intégral en cliquant ici), je formulais la demande en ces termes :

En prévision de la cinquième saison dont la première retransmission sera celle de Das Rheingold (L’Or du Rhin) de Richard Wagner dont la mise en scène a d’ailleurs été confiée au scénographe québécois Robert Lepage, je vous demande de proposer, comme cela est fait pour les francophones belges et français, des sous-titres français au Québec lors de la présentation des 12 opéras qui seront projetés durant la saison 2010-2011. Je transmets la présente demande à vos partenaires de Cinéplex Divertissement qui voient à la retransmission de vos opéras ans les salles de cinéma du Québec ainsi qu’à la Régie du cinéma du Québec.
Cette demande s’inscrit dans un contexte où il s’avère important pour les institutions comme la vôtre d’assurer la promotion et la protection de la diversité culturelle et linguistique. J’ose croire que le Metropolitan Opera de New York compte parmi les entreprises culturelles qui entendent donner l’exemple et contribuer au dialogue si essentiel des cultures auquel peut valablement contribuer l’art lyrique.

Dans sa réponse du 16 septembre 2010 dont vous trouverez le texte intégral en cliquant ici, le vice-président de Cinéplex Divertissement, M. Daniel Séguin, m’écrivant au nom de Cinéplex Divertissement et du Metropolitan Opera, affirmait avoir « travaillé avec diligence à trouver une solution pour offrir des sous-titres français aux diffusions d’opéra ». Après avoir évoqué les essais infructueux de conversion du système de distribution format PAL permettant la diffusion des opéras du MET avec sous-titres en français en Europe francophonone en format NTSC nord-américain et avoir envisagé, comme solution technique à ce problème, la possibilité de créer un second canal satellite uniquement pour alimenter les cinémas du Québec, le vice-président de Cinéplex présente la solution retenue en ces termes :

[N]ous avons également collaboré avec le MET sur la recherche d’une troisième solution qui comprendrait une copie en format HDcam (enregistrée) qui serait créée à partir de la diffusion en direct et dans laquelle on y incorporerait des sous-titres français. Cette copie pourrait être présentée lors des rediffusions. Le Met nous a confirmé cette semaine de la faisabilité de cette solution : Cineplex travaille donc à présenter toutes ses rediffusions du samedi en français et en anglais. Nous élaborons actuellement un plan de distribution qui offrirait le sous-titrage français dans les cinémas où la majorité des spectateurs sont anglophones. Dans quelques cinémas, nous serons peut-être en mesure d’offrir une représentation avec sous-titres français et une autre avec sous-titres anglais selon la disponibilité des écrans.

Dans un communiqué du 27 septembre, diffusé le jour de la première de L’or du Rhin au Metropolitan Opera de New York et accompagné d’un commentaire de Robert Lepage qui se disait « ravi que les versions sous-titrées françaises débutent avec l’opéra Das Rheingold », Cinéplex Divertissement rendait public le plan distribution évoqué dans la lettre du 16 septembre. Vous pouvez lire le communiqué et identifier les salles où les sous-titres français seront disponibles en cliquant ici.

La décision de Cinéplex Divertissement constitue un pas dans la bonne direction. Les francophones du Québec auront dorénavant accès à des sous-titres français et une telle accessibilité contribuera à faire apprécier davantage encore les œuvres lyriques qui seront diffusées dans le cadre de la série MET Live in HD. Mais pour véritablement devenir une série, dénommée « MET en direct et en haute définition », par les dirigeants de Cinéplex Divertissement, il faudra que la première diffusion, qui est la seule diffusion « Live », « En direct », puisse être accompagnée de sous-titres en français. Je compte insister auprès du Metropolitan Opera de New York et de Cinéplex Divertissement pour que l’on continue de travailler sur une solution permettant à la première diffusion d’être accompagnée de sous-titres en langue française. La création d’un second canal satellite destiné à alimenter les cinémas du Québec devrait continuer d’être envisagée comme « la » solution. Dans sa lettre du 16 septembre, le vice-président de Cinéplex Divertissement évoque le coût prohibitif « actuel » d’une telle solution, mais l’on peut penser qu’un tel coût pourrait ne plus être prohibitif dans l’avenir. Le succès des diffusions au Québec et les revenus tirés de la présence massive de Québécois et Québécoises francophones dans les 16 cinémas (et devant les 26 écrans) où sont projetés les opéras du MET justifie par ailleurs un investissement de la part de la grande compagnie lyrique américaine et de Cinéplex Divertissement aux fins d’assurer une égalité de traitement entre les francophones et anglophones du Québec et entre les francophones du Québec et d’Europe. Cette réaction à la décision de Cinéplex Divertissement et le Metropolitan Opera sera transmise à leurs dirigeants dans une lettre que je compte leur faire parvenir le 9 octobre prochain.

Je compte également faire des démarches auprès de la Régie du cinéma du Québec de façon à ce que ce pas dans la bonne direction soit suivi d’autres décisions respectueuses des droits linguistiques fondamentaux des francophones du Québec. Je ferai parvenir bientôt une lettre au président de cette régie et vous en ferai connaître le contenu dans un prochain article du blogue lyrique.

Une ascension réussie du Walhalla lors de la deuxième représentation L’or du Rhin au MET

La « machine » conçue par Robert Lepage et son équipe d’Ex Machina a fonctionné lors de la deuxième représentation de L’or du Rhin au Metropolitan Opera de New York jeudi le 30 septembre et Wotan, Fricka et les autres dieux ont pu déambuler sur le pont menant au château de Walhalla! C’est ce que rapportait le critique Anthony Tomassini dans l’article intitulé « The Gods get their Bridge at ‘’ Rheingold ‘’ » publié dans le New York Times du 1er octobre 2010. Celui-ci décrivait ainsi l’ascension :

At first, a narrow group of planks in the center of the machine were bathed in a spectrum of streaming lights. Then the planks on either side turned upward and took on the look of marbled grey castle walls. As the planks forming the rainbow bridge lifted into place, the singers portraying the gods watched in awe (and, no doubt, with enormous relief). The planks rose so high that the rainbow path was almost upright. After the singers descended into a dark space below the stage, a roster of acrobatic body-doubles appeared on the pathway, hooked up to cables for security. Taking the place Bryn Terfel’s Wotan, Stéphanie Blythe’s Fricka and the other gods, the doubles walked gingerly up the shimmering, colorful bridge.

Une critique s’ajoute à celles que j’ai recensées dans l’article diffusé sur le présent blogue au surlendemain de la première de L’or du Rhin. Sous le titre« Robert Lepage aborde, tout en retenue, la  » Tétralogie  « », Renaud Machart publie dans Le Monde du 30 septembre une critique dont je retiens l’extrait suivant qui me semble d’un grand intérêt: « Après avoir assisté à une répétition technique de cet Or du Rhin cet été (Le Monde du 26 août), on espérait un spectacle démiurgique et renversant. Mais on a été quelque peu désarçonné par la retenue de Lepage : peu d’effets spéciaux et de folie visuelle. Certes, les images irréelles, sur un fond bleu aimable, des naïades se baignant dans le Rhin sont fascinantes, mais on se lasse un peu des impressions colorées assez statiques et ternes pendant les (longues) scènes de dialogues. On se demande aussi si Lepage veut singer l’imagerie des séries et films de science-fiction avec ses costumes et certains dispositifs du  » monolithe  » articulable ou s’il joue avec (et se joue) les conventions de représentation. Quelle sera la courbe dramatique du cycle tout entier ? Lepage réserve-t-il ses cartouches d’artificier génial ? Nous n’en sommes en effet qu’au prologue, et il est probable que les volets suivants permettront au Canadien de libérer les forces obscures et lumineuses de sa lecture ». J’ai également repéré la critique de Jeremy Eichler du Boston Globe intitulée « Levine returns to action, conducting Met’s high-tech new ‘Ring’ » publiée dans l’édition du 29 septembre.

Le critique du journal The Gazette a fait paraître un deuxième texte sur la production (Arthur Kaptainis, « Robert Lepage’s visuals for Das Rheingold did not exactly sing- The music at New York’s Metropolitan Opera remains enjoyable, but staging disappoints », The Gazette, 2 octobre 2010, p. E-8).

Vous pourrez également lire un article de Leila Ligoune « La vision de Robert Lepage transporte Wagner dans le 21e siècle et récolte une ovation au passage », patwhite.com, 28 septembre 2010 ainsi qu’un court texte d’Élizabeth Mémard soulignant la présence d’un « Joliétain au Met Opera » et qui annonce une entrevue prochaine avec le concepteur des costumes de la production de L’or du Rhin, François Aubin…originaire de Joliette.

Vous retrouverez enfin sur le site d’Espace classique un dossier sur « Le ring de Wagner au MET- une mise en scène de Robert Lepage » et prendre connaissance dans la rubrique « Pleins feux » de La Scena musicale de la liste des articles consacrés au « Robert Lepage Met Ring ».

L’art de Marie-Nicole Lemieux…ou Marie-Nicole Lemieux au sommet de son art


Les Violons du Roy présentaient le premier concert de leur série montréalaise le jeudi 30 septembre à l’Église unie Saint James et avait invité pour l’occasion la contralto Marie-Nicole Lemieux. Celle-ci est, je le crois, au sommet de son art, et le titre du concert était dès lors judicieusement choisi : « L’art de Marie-Nicole Lemieux ». La voix est riche et l’expression toujours juste, la chanteuse a du charisme. Sa complicité avec Les violons du Roy et son chef Bernard Labadie est réelle et ressentie par l’auditoire. C’est dans la longue et exigeante pièce Del mio destin tiranno tiré de l’opéra Montezuma de Carl Heinrich Graun, un compositeur qu’elle faisait véritablement découvrir à son auditoire et qui fut la première qu’elle chanta, qu’elle a éblouie la salle, et m’a séduit. Ses prestations dans les airs d’Haydn et de Mozart furent tout aussi bien rendues et, généreuse, elle offrit à la fin d’un programme fort exigeant un rappel en interprétant l’air Voi che sapete che cosa e amor des Nozze de Figaro de Wolfang Amadeus Mozart. Les trois critiques présents au concert (Claude Gingras, Christophe Huss et Wah-Keung Chan) ont également bien apprécié le concert, comme l’avait aimé le critique Emmanuel Bernier du journal Le Soleil qui, au lendemain du concert donné à la salle Raoul-Jobin le 22 septembre, a intitulé son article « La générosité selon Marie-Nicole Lemieux ». Le programme du concert sera pérennisé dans un enregistrement dont la parution sur l’étiquette française Naïve est prévue pour l’automne 2010. Mais un autre disque de Marie-Nicole Lemieux est sur le point de paraître sur la même étiquette Naïve – sa sortie est prévue pour le 26 octobre- un album sous le titre « Ne me refuse pas » sur lequel la contralto interprète des airs d’opéra français. Vous pourrez d’ailleurs écouter des extraits de l’album en cliquant ici. J’aurai l’occasion de commenter la parution de ce disque lorsqu’il paraîtra d’ici la fin du mois.

L’art lyrique dans le dernier numéro de La Scena musicale

La livraison d’octobre 2010 du magazine La Scena musicale contient plusieurs articles consacrés à l’opéra, et notamment deux articles sur la contralto Maureen Forrester sous la plume de Jean-Pierre Sévigny (« Le legs de Maureen Forrester (1030-2010) et de Paul E. Robinson ( « Maureen Forrester- In Mémoriam (1930-2010). Je signe quant à moi un article sur une chanteuse que j’ai rencontrée au Festival d’opéra de Glimmerglass cet été et qui est publié pous le titre « « Marie-Ève Munger- Les rêves lyriques les plus fous d’une soprano prometteuse ». Vous pouvez télécharger le contenu intégral du magazine en cliquant ici.

Une thèse sur « Chausson dans l’ombre de Wagner? De la genèse à la réception du Roi Arthus »

La faculté de musique de l’Université de Montréal sera le théâtre d’une soutenance par Marie-Hélène Benoît Otis d’une thèse de doctorat sur Chausson dans l’ombre de Wagner? De la genèse à la réception du Roi Arthus le lundi 4 octobre à 14 h au local B-420. Préparée en cotutelle et sous la direction Jean-Jacques Nattiez (Université de Montréal) et Jürgen Maehder (Freie Universität Berlin), la thèse sera défendue devant un jury composé également de François de Médicis, président-rapporteur, Claudia Albert, membre du jury, Steven Huebner, examinateur externe et Michel Duchesneau, représentant du doyen de la Faculté des études supérieures et postdoctorales.

J’ai écouté avec plaisir la production de Capriccio de Richard Strauss du Pacific Opera à l’émission L’opéra du samedi cet après-midi et j’ai également apprécié l’entrevue que l’animatrice Sylvia L’Écuyer a effectué avec mon cousin Richard Turp au sujet de la prochaine saison de la Société musicale André-Turp.

Bonne semaine lyrique !

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